Vous avez raison d'observer que nous avons vu des jeunes dont l'état de santé n'était pas excellent. L'accompagnement par des infirmiers encadrants a permis d'identifier des myopies non diagnostiquées, génératrices de difficultés scolaires, et d'équiper les jeunes dans la foulée. Comme partout, nous rencontrons des difficultés à recruter des cadres de santé mais, grâce à l'engagement fort des structures territoriales, tous les centres étaient pourvus des référents et des infirmiers nécessaires pour accompagner les séjours. L'accès au bilan et à l'accompagnement de santé contribue à l'égalité des chances. Plus on donnera de visibilité aux projets et aux séjours et plus on facilitera le recrutement.
La parole se libère, en particulier après les deux ans de covid, au point que des témoignages de jeunes ont nécessité la saisine du procureur de la République. Plus elle se libère, plus la formation des encadrants et des tuteurs doit être renforcée. À chaque fois que la libération de la parole nécessitait un accompagnement, nous avons saisi les structures médicales et associatives à même d'accompagner et d'accueillir.
Le lendemain de ce qui s'est produit à Strasbourg, le responsable a été remercié. Le projet doit être clair dans l'esprit de tout le monde et la formation plus professionnelle. Constatons tout de même que pour plus de 40 000 jeunes ayant fait le SNU dans 141 centres, il n'y a eu qu'un ou deux couacs, comme il peut s'en produire dans des colonies de vacances. Le projet, promu par le Gouvernement, fait l'objet d'une médiatisation spécifique. Des punaises de lit, il y en a eu aussi dans des colonies de vacances, ni moins ni plus. Cela étant, j'ai la responsabilité de veiller à la qualité des encadrants. Ce n'est pas parce qu'ils ont porté l'uniforme qu'ils ne sont pas formés à accompagner des jeunes. Des militaires accompagnent et encadrent déjà des jeunes dans le cadre du SMA, du SMV et dans les lycées militaires, mais dans le cas du SNU, les contrats sont de droit civil.
Les cérémonies sont vecteurs d'unité. Quand on tombe amoureux de son histoire, quand on la comprend, quand on entend des témoignages comme celui de Léon Gautier, cela provoque de l'émotion et l'on s'attache. J'ai conclu un premier accord avec Le Souvenir français, car il faut renforcer le lien avec les anciens combattants et les associations mémorielles. L'une d'entre elles, la fondation Maginot, qui a beaucoup participé aux séjours, réalise des expositions, élabore des projets pédagogiques, propose des jeux, mais surtout compte des gens passionnés. Il y a deux manières de considérer les choses : soit on estime que le projet pédagogique doit entrer dans le cadre, soit on permet aux jeunes de rencontrer des gens qui le transcendent par leur engagement. Ce peut être des encadrants mais aussi des témoins. Lors de la journée défense et mémoire nationales, des militaires d'active viennent témoigner de leur corps, de leur métier, de leur passion, de ce pourquoi ils se sont engagés. Quand un jeune me dit : « J'ai envie de faire coiffure mais aussi militaire », je lui réponds que son parcours lui permettra de faire un choix mais qu'il pourra faire les deux, qu'il a le droit de servir et de faire un métier qui te passionne. Nous allons multiplier ces modes d'enseignement et ces accords, afin que ceux qui ont vécu le projet puissent témoigner de sa qualité.
Madame Bazin-Malgras, je sais l'importance que vous accordez, en tant que rapporteure, au lien armées-nation et, plus largement, aux questions mémorielles. Elles sont fondamentales non seulement pour l'unité de la nation mais aussi pour promouvoir le goût du patriotisme. On doit pouvoir se dire qu'on est français parce qu'on le veut et aussi parce que nos parents ont combattu et versé leur sang ou en raison d'une histoire personnelle. Certains qui ont versé leur sueur et n'ont pas porté l'uniforme ont bâti une partie de notre pays. Être français c'est faire sien cet héritage, le faire vivre, le partager, participer aux moments mémoriels dans nos communes, en attendant d'être des passeurs. On doit pouvoir s'appuyer sur des associations patriotiques ou mémorielles, en plus des associations d'anciens combattants qui, du fait de l'âge, voient leurs effectifs diminuer. Je suis heureuse de voir Le souvenir français créer des drapeaux plus petits et plus légers et remettre à des classes des drapeaux d'associations d'anciens combattants qui n'ont plus personnes pour les porter. C'est une chance, car ils ne seront ni rangés dans un placard ni vendus sur eBay, comme on en voit encore beaucoup trop. Je préfère largement qu'ils soient portés par une classe ou une maisonnée du service national universel, car les jeunes sentent enracinés dans une histoire qui les dépasse. Le SNU facilite plus encore ces rencontres parce que le temps le permet.
L'action des collectivités est une des conditions de réussite. Ceux qui témoignent avec le moins de dogmatisme, de manière très opérationnelle, ce sont les maires, de grandes comme de petites communes. Ils ne participent pas nos débats mais ils voient arriver dans leurs communes des jeunes en uniforme qui souhaitent participer au conseil municipal. C'est une chance. J'accepte avec grand plaisir votre expertise et votre analyse. Ce projet n'a pas vocation à cliver. Tous ceux qui souhaitent l'améliorer et participer à sa construction sont les bienvenus pour travailler soit avec mes équipes ou moi-même, soit avec les acteurs opérationnels du SNU.
Le SNU a sa place dans La fabrique défense, comme dans les forums d'étudiants et d'orientation où les jeunes sont présents. Nous nous appuyons sur les enseignants, mais de façon encore très inégale, parce que durant plus de deux ans de covid ils avaient à gérer des protocoles scolaires et les conditions n'étaient pas les plus favorables pour présenter un dispositif supplémentaire.
J'ai pris trente-cinq minutes, non pour ne pas énoncer clairement, mais pour communiquer à la représentation nationale l'ensemble des éléments à ma connaissance. Désireuse de réussir la construction de ce projet, j'y consacre le temps nécessaire, mais vous êtes également très « challengers », ce qui donne beaucoup d'espoir dans la réussite de ce projet.
Vous dites que j'ai beaucoup parlé de droits et peu de devoirs. En s'engageant pour le SNU, un jeune accepte un certain nombre de devoirs et d'efforts. Les calendriers sont très denses. Il accepte de manger la même chose que les autres, de dormir au même endroit, de faire des tâches ménagères. Mais ces devoirs ne sont pas punitifs, ils sont le pendant de notre projet. Le jour où l'on considèrera que ce magnifique droit donne le goût de l'engagement, nous aurons réussi.
Comment les armées vont-elles s'engager dans le cadre du SNU ? La direction du service national de la jeunesse (DSNJ), qui accompagne le traitement des questions de jeunesse au sein de nos armées, compte déjà plus de 1 240 personnes. Conformément au discours du Président de la République, nos armées accompagneront la professionnalisation de la formation. Elles ont la culture de la logistique et du déploiement. En s'appuyant sur la DSNJ et sur les 357 militaires qui encadrent le SMV, leur expertise et leur culture sont une chance pour nos jeunes volontaires.
L'Indre-et-Loire est un des territoires qui a vu le développement du SNU. Le meilleur plaidoyer en faveur du SNU est la rencontre avec les jeunes eux-mêmes et parfois avec leurs parents. Une maman m'a dit : « A son retour, il a fait son lit ». C'est une transformation en profondeur dont cette maman a voulu témoigner. De fait, certains de ces jeunes poursuivent leur carrière sous l'uniforme, parce qu'ils ont trouvé des rôles modèles et ont envie de contribuer à sa mission.
La soif d'action de ces jeunes doit être accompagnée. Les camps sportifs et de mémoire sont une chance. Il faut donner à chaque jeune le goût de l'engagement.
Monsieur Blanchet, vous avez vu la naissance du SNU avant même sa conception. La phrase de Léon Gautier que vous avez citée me marque. On apprend à aimer la France, mais pour apprendre à aimer la France, elle doit parler à tous ses enfants. C'est le projet du SNU. Il faut conjuguer des centres permanents et des centres ponctuels afin de réduire la pression et accueillir des jeunes en situation de handicap dans des centres adaptés. Au regard de la promesse d'inclusion du SNU, nos séjours n'accueillent encore que 3,5 % de jeunes en situation de handicap.
L'idée d'un plan patriotique est excellente puisqu'elle rejoint celle de parcours qui préside à la conception du SNU. Mais, je le répète, ce n'est pas l'alpha et l'oméga du parcours de citoyenneté. Il y a aussi l'éducation civique et morale, les engagements au sein de nos collectivités, le passeport du civisme pour les petits du CEP au CM2.
S'agissant de la multiplicité des dispositifs, pour donner de la visibilité au dispositif, il faut éviter de superposer les parcours pour les mêmes tranches d'âge. Le SNU concerne les jeunes âgés de 15 à 17 ans, il y a un avant et un après. S'il y a engagement après, il y a réussite.
À l'instar du vote, le patriotisme s'apprend. On peut avoir la chance de le vivre mais on peut aussi en être privé. À l'école s'ajoutent des temps forts pour affirmer la volonté de créer, d'où les modules de citoyenneté nationale et européenne pour faire comprendre nos institutions. Une partie de notre jeunesse ne se sent pas appartenir à la France. Dès lors, soit on considère que c'est perdu, soit on considère que tous les enfants de France ont la vocation à l'aimer. Pour l'aimer, il faut pouvoir la rencontrer, et pour la rencontrer, un temps comme celui-là est une première marche. Certes, cela n'apaisera pas tous les maux de notre pays, mais quelle chance de voir un jeune qui ricanait à l'écoute de La Marseillaise, ému au dernier lever de drapeau !
Une partie de notre jeunesse n'a pas pu faire le SNU parce qu'elle n'était plus en âge. Le BAFA SNU nouvellement créé leur permettra d'encadrer les séjours de cohésion. Non, ils n'ont pas l'âge des encadrants. Dans un centre SNU, il y a un chef de centre, un adjoint, un corps infirmier, des tuteurs de maisonnée et des agents, qui n'ont certainement pas le même âge. Les jeunes encadrés ont entre 15 et 17 ans et certains tuteurs entre 20 et 25 ans. Il n'y a donc pas de mineurs qui encadrent des mineurs.
Au-delà des centres permanents, le handicap doit être pensé globalement. Au regard des différents types de handicap, la formation des encadrants est nécessaire. C'est pourquoi il faudra parfois savoir accueillir des accompagnants, prévoir des centres adaptés, rendre le bâti plus inclusif pour ne pas refuser l'accès à un jeune, et provoquer une rupture d'égalité.
Enfin, nous allons faire évoluer le formulaire pour fournir l'information aux élus, parce que participer, c'est aussi permettre à tout l'écosystème de porter la vie du SNU après le séjour de cohésion.