Le service national universel, cet outil d'endoctrinement de notre jeunesse, est si critiqué que même l'armée ne veut plus en entendre parler. Ce retour déguisé du service militaire, aboli en 1996 sous les applaudissements du peuple français, est une erreur fondamentale qui montre bien la manière dont Emmanuel Macron et son Gouvernement considèrent la jeunesse : une masse dont il est incapable de comprendre la diversité, dont il ne faudrait surtout pas qu'elle se politise et qu'il faudrait dresser – en témoigne sa réaction auprès d'un jeune homme qui l'interpellait en janvier, en marge d'un déplacement sur les fermetures de lits dans les hôpitaux.
Le SNU a pourtant montré ses limites lors de deux périodes d'expérimentation. Il ne permet ni de créer des mixités ni de construire des moments d'apprentissage. Il impose, ordonne, range et ne s'adresse qu'à une partie minoritaire des jeunes, ceux intéressés par l'uniforme ou désireux de cadres stricts. Or les Epid sont déjà de bons dispositifs pour cela.
En ce sens, le SNU n'a rien d'universel mais tient beaucoup du service, lequel tourne parfois au supplice. Le mardi 5 juillet, à Strasbourg, lors d'une session du service national universel, une centaine d'adolescents se sont vus infliger une punition collective humiliante : séances de pompes et gainage en pleine nuit.
Votre objectif n'est pas d'éveiller l'esprit des jeunes, vous qui trouvez Éric Zemmour moins dangereux que le wokisme, qui veut pourtant dire « éveil ». Mais, s'il vous plaît, veillez au moins sur leur intégrité physique et sur leur santé. À la suite des exercices qui leur ont été demandés en pleine canicule, trente et un participants au SNU se sont retrouvés aux urgences. Je ne suis pas antimilitariste et je reconnais le sens du devoir profond qui anime nos troupes.
En plus d'une aberration, le SNU est un dispositif très coûteux : 1,5 milliard d'euros s'il est généralisé, dont une large partie pourrait être ponctionnée sur le budget de l'éducation nationale. Considérer que couper le budget de l'école pour l'armée serait le mieux pour nos jeunes est une conception particulière. Dans le Val-d'Oise, les parents attendent plutôt que les professeurs, souvent non remplacés pendant des mois, le soient.
Tout cela s'inscrit dans l'idéologie que vous et votre Gouvernement promouvez. Rappelez-vous du déplacement du ministre de l'intérieur à Mayotte, il y a quelques semaines, durant lequel il a proposé la réouverture des lieux de rééducation et de redressement pour les délinquants mineurs gérés par l'armée.
Plutôt que de conclure mon intervention par des questions, je préfère énoncer quelques propositions concrètes des écologistes. Nous demandons que le budget du SNU soit réalloué à des mesures vraiment utiles pour les jeunes, une allocation d'autonomie de 1 063 euros par mois, un ticket-climat donnant accès à tous les transports en commun du territoire, un nouveau parcours en lien avec les structures d'éducation populaire. Ayons pour une fois l'ambition d'offrir un avenir heureux à notre jeunesse au lieu de tout faire pour la museler.