Le service national universel est un projet de société louable. Destiné aux adolescents âgés de 15 à 17 ans, basé sur le volontariat, il vise à répondre au besoin de recréer le lien entre les jeunes citoyens et la nation, au moment où nous vivons une grave crise démocratique dont l'abstention est le symptôme le plus flagrant, et une crise de l'engagement, en particulier chez les jeunes qui ne trouvent plus de sens à la citoyenneté. Chez eux, la conscience politique a fait place à une forme d'individualisme.
Placé sous la double tutelle de l'éducation nationale et du ministère des armées, le SNU, souvent focalisé sur le séjour de cohésion, pas assez clair dans ses finalités, est donc insuffisamment attractif. Alors que nous notons cette année une progression sensible des inscriptions, le manque de moyens ne permet pas de répondre à toutes ces demandes. Dans les Alpes-Maritimes, les cadets de la gendarmerie ont dû opérer une sélection draconienne des dossiers pour ne retenir que vingt-six volontaires, alors que 116 jeunes s'étaient inscrits.
L'apprentissage de la nation, de la République, le goût de l'engagement ne devraient pas reposer sur le seul volontariat mais être inculqués à tous les jeunes élèves de la sixième à la terminale par un apprentissage global du fonctionnement de la République, du civisme et du fonctionnement de nos armées. Certes, l'école ne peut pas tout, mais elle touche tous les élèves de tous les milieux sociaux et de tous les territoires. L'éducation morale et civique a le mérite d'exister dans le parcours scolaire, mais y a-t-elle la place qu'elle mérite ? Ne faudrait-il pas intégrer les apprentissages prévus dans le SNU au parcours scolaire global, de la sixième à la terminale et les conclure par un diplôme de parcours SNU ? Sans supprimer le stage de cohésion et la mission d'intérêt général, une telle acculturation permettrait de briser le plafond de verre, donnant au SNU sa véritable universalité.