Je suis heureuse de présenter à votre commission le bilan du service national universel. Je le ferai en totale transparence, en mentionnant ses forces, ses faiblesses, ses points d'amélioration. Ce projet a beaucoup évolué et il mérite la mobilisation de tous. Je ne le ferai pas sans une certaine émotion, car j'étais membre de votre commission avant de rejoindre de nouveau le Gouvernement.
L'intitulé même de mon secrétariat d'État, qui comporte le service national universel dans son titre, montre l'importance de ce projet de société. Il est au cœur des priorités de notre nation, au moment où les risques internes et externes se multiplient. Je pense à la guerre en Ukraine ainsi qu'à la fragmentation et la situation de notre jeunesse.
Avant de détailler les objectifs, le déroulement des séjours de cohésion, le déploiement des missions d'intérêt général, les réussites et les possibilités d'amélioration, je rappellerai que, plus qu'une politique publique ou un dispositif parmi d'autres, le SNU est un projet de société à mettre en perspective avec les crises environnementales et sociétales. Nous avons besoin de cohésion, de renouer avec notre histoire, d'une République forte et unie. Plus que jamais nous avons besoin d'outils pour notre jeunesse. Face aux grands défis de notre temps, tels que les fake news, nos jeunes ne sont pas suffisamment armés.
Pour rendre la jeunesse plus résiliente et plus forte, il convenait de créer un temps nouveau. D'aucuns disent que c'est le rôle de l'école. Oui mais pas seulement, parce que l'enseignement de la République ne se limite pas à une salle de classe et va bien au-delà du temps scolaire. On l'apprend en participant à un conseil municipal des jeunes, en accompagnant ses parents dans un bureau de vote, en faisant partie d'une association sportive ou en devenant jeune sapeur-pompier. De tels engagements permettent de s'inscrire dans un parcours de citoyenneté. Ces rencontres peuvent transformer des vies ou des projets de vie. Nous avons pensé le service national universel comme un temps d'entrée de manière active dans la citoyenneté. C'est pourquoi son ambition première est le développement de la force morale de chacun en déployant la culture de l'engagement, le renforcement de la cohésion nationale autour des grands enjeux contemporains, en particulier l'esprit de défense, la résilience, la transition environnementale, la solidarité et l'égalité des chances.
Le SNU est un temps de la République en acte. Notre ambition est de voir naître de nouvelles envies de s'engager, un goût du commun dans une société où nous avons plus que jamais besoin de jeunesses qui se parlent, se respectent, se comprennent et ont le goût du collectif.
Nous devons faire face à des menaces nouvelles. La menace terroriste persistante, le retour de la guerre en Europe, les incendies et les conséquences dramatiques du changement climatique obligent notre jeunesse à disposer de nouveaux outils. Cela va des premiers gestes qui sauvent aux premiers réflexes à avoir en cas d'incendie dans sa ville ou son village.
Des voisins européens se demandent aussi comment construire la résilience, l'unité et un goût du commun ou du patriotisme. Certains ont fait d'autres choix. La Lettonie réinstaure la conscription à partir de 2023. L'Allemagne consent un effort budgétaire conséquent en faveur de ses armées.
Dans notre pays, il s'agit de développer la force morale. Comme l'a dit le Président de la République à l'hôtel de Brienne, le 13 juillet dernier, la force morale, « c'est la capacité individuelle et collective à prendre l'ascendant sur les événements ».
Fort des défis que doit relever notre pays, le service national universel a vocation à incarner une version civile – j'y insiste – d'une jeunesse mobilisée, patriote, engagée, prenant pleinement sa place dans notre société ; à incarner l'excellence de l'école, de nos armées et de l'engagement associatif, dans une conjugaison des trois. Nous pouvons apporter cette excellence à notre jeunesse, je le constate depuis trois ans.
Face à la tentation du repli sur soi, il s'agit d'offrir à nos jeunes un parcours d'engagement dans lequel le courage l'emporte sur la peur : le courage de découvrir d'autres jeunes, le courage de s'engager, le courage de découvrir des milieux inconnus, la volonté doivent l'emporter sur l'immobilisme. Autrement dit, l'esprit collectif doit l'emporter sur l'égoïsme singulier.
Il y a une désaffection réelle de notre jeunesse pour la vie politique, expression d'une radicalité de choix et d'action. Le SNU est un temps un rassemblement, de mixité autour des valeurs essentielles de la République. Il a vocation à être un rituel républicain qui comptera dans la vie d'un jeune citoyen. C'est ainsi que nous souhaitons le construire.
Les jeunes inscrits cette année ont eu des parcours très divers, conformément à la vocation du SNU à être encore plus inclusif. La grande majorité vient des filières générales, d'autres viennent des filières technologiques professionnelles, agricoles ou de l'apprentissage. On trouve aussi des décrocheurs inscrits dans des missions locales, des jeunes en situation de handicap. Ils ont grandi dans des territoires urbains, périurbains, ruraux. Différents dans leur vie quotidienne, ils ont en commun la France. À quel moment peuvent-ils rencontrer ? À quel moment un jeune nantais peut-il rencontrer un jeune de Trappes, de Paris ou d'Aurillac ? À quel moment ces jeunes voient-ils que leur commun est plus fort que leur différence ? Le SNU permet des rencontres entre histoires et parcours différents, le contact avec des intervenants très engagés au sens de l'intérêt général. Que l'on soit enseignant, animateur de colonie de vacances, animateur de l'éducation populaire, réserviste, que l'on ait servi en uniforme, que l'on soit pompier, bien qu'ayant suivi des parcours différents, on est engagé. Des encadrants, dont la moyenne d'âge est peu éloignée de la leur, pétris du sens de l'intérêt général, leur ouvrent le champ des possibles.
Les jeunes profitent du séjour de cohésion, articulé autour de sept thématiques. Il est bien de faire du sport de manière soutenue, de le faire ensemble et de découvrir d'autres disciplines sportives. Il y a un module « citoyenneté et institutions nationales et européennes », un module « culture et patrimoine », pour prendre le temps de découvrir la beauté de notre patrimoine historique ou naturel. Découvrir l'engagement, parler du service civique, du corps européen de solidarité, du Souvenir français, des associations mémorielles, sont autant de choses que les parents ne permettent pas de découvrir, de même que la défense, la sécurité et la résilience nationale, la connaissance des services publics, l'accès au droit, l'autonomie – sujet essentiel pour notre jeunesse –, le développement durable et la transition environnementale.
Ces rencontres renforcent la compréhension mutuelle et favorisent les engagements par le passage de la découverte à l'acte et en créant de nouveaux liens. Elles encouragent la cohésion autour des symboles républicains, plus que jamais essentiels, sensibilisent aux enjeux de défense, à la transition environnementale, à l'accès au droit, à la citoyenneté, au moyen de temps de démocratie interne ou d'activités sportives. Elles fournissent l'occasion de temps collectif, où les jeunes sont fiers d'avoir levé un drapeau, d'avoir chanté la Marseillaise ou d'avoir fait une course d'orientation. Ils comprennent qu'en s'appuyant les uns sur les autres, il est possible de partager des compétences. Ces moments sont des accélérateurs de confiance qu'on ne trouve pas ailleurs. D'où la conviction qui est la nôtre qu'il est nécessaire de soutenir ce projet, de l'améliorer dans sa phase d'expérimentation, avant de passer aux étapes suivantes.
Le SNU permet aussi à des jeunes de quitter leur département. Un jeune sur deux n'avait jamais pris le train. Comment accompagner cette mobilité sans dispositifs qui attisent la curiosité et la volonté nationale de participer à ces mouvements ?
Le SNU, étape clé de l'entrée dans la citoyenneté, comporte trois phases : un séjour de cohésion de quinze jours, une mission d'intérêt général de quatre-vingt-quatre heures – la République donne ce qu'elle a de beau en termes d'encadrement et de découverte, mais un jeune peut lui apporter aussi – et une incitation forte à prendre un engagement long. D'une durée minimum de trois mois, il peut prendre la forme d'un service civique, d'un camp européen de solidarité pour ceux qui se destinent aux carrières européennes, mais aussi d'une participation aux réserves, dans quelque corps que ce soit : gendarmerie, au plus proche, armées ou sapeurs-pompiers.
Au tout début, en juin 2019, 2 000 jeunes de treize départements y ont participé. En 2020, à cause de la crise du covid, il n'y a pas eu de séjour de cohésion, excepté pour la Nouvelle-Calédonie qui était indemne. Afin de ne pas freiner le goût de l'engagement, on s'est limité à l'organisation de missions d'intérêt général. En 2021, plus de 14 500 jeunes ont vécu cette expérience. En 2022, pour la première fois, nous avons organisé un séjour en février. Afin de permettre à des jeunes en lycée professionnel dont les périodes de séjour de cohésion coïncidaient avec celles de leurs stages de participer, nous avons ouvert des séjours à d'autres moments de l'année. En tout, plus de 40 000 jeunes se sont inscrits aux trois sessions tenues en février, juin et juillet 2022
Durant les séjours de cohésion de février, 3 200 jeunes, tous volontaires, ont été accueillis sur trente et un sites, dont 51 % de jeunes filles, contre 56 % entre 2019 et 2021. Il y avait toujours plus de filles que de garçons mais on assiste à un équilibrage. La mixité n'est pas naturelle.
La part des jeunes issus des quartiers prioritaires de la ville (QPV) est passée de 4 % en 2021 à 7,4 % en 2022, alors qu'en moyenne nationale, 9 % des jeunes gens âgés de 15 à 24 ans y vivent.
Plus de 71 % des jeunes issus des filières générales et technologiques ont validé leur séjour de cohésion. Si 33 % de nos jeunes sont scolarisés dans des lycées professionnels, seuls 24 % font des séjours de cohésion.
La mixité, sociale et territoriale est recherchée. Cette dernière est la plus juste, puisque répartie entre un tiers de jeunes ruraux vivant en zone de revitalisation rurale (ZRR), un tiers d'urbains et un tiers de périurbains.
L'organisation de séjours durant les vacances scolaires n'a pas eu d'effet dissuasif. Les taux de participation dans zones B et C, où étaient proposés des séjours à cheval entre les vacances et les périodes scolaires, étaient identiques. Ils étaient un peu supérieurs en zone A, où les séjours étaient pleinement organisés durant les vacances. L'idée qu'un jeune ne vient pas durant une période de vacances scolaires est fausse. Cela n'a pas d'effet sur la volonté d'engagement.
Un tel projet comporte des pistes d'amélioration. Pour cela, il faut s'appuyer sur des faits. C'est pourquoi nous avons recouru aux évaluations de l'Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (Injep), à celles de mes services, et à des remontées territoriales. Je n'ai rien vu qui ne puisse entraver fatalement l'amélioration et le déploiement de ce projet. Pour cela, il faut les partager avec la représentation nationale.
Les recrutements sur la base du volontariat on atteint un plafond de verre. Les jeunes qui viennent, soit sont accompagnés par leur famille, soit ont une culture associative, soit ont croisé quelqu'un qui les a convaincus de participer à ce beau projet.
La mixité socioprofessionnelle reste trop faible. Nous voyons plus de jeunes dont les parents sont de catégorie CSP + que de jeunes dont les parents sont ouvriers ou employés. Cela peut s'expliquer par un déficit de notoriété. Vous êtes des parlementaires aguerris aux sujets de résilience, de défense et de politique de la jeunesse mais la plupart des gens interrogés dans la rue confondent service national universel et service civique. Quand on est moins informé des politiques de jeunesse, le sujet n'entre pas dans le débat familial.
Plus préoccupant, nombre de préjugés et de stéréotypes subsistent. Beaucoup critiquent le SNU sans connaître ses évolutions où en sont restés à ses préfigurations de 2019, alors qu'il a beaucoup évolué. Il est caricaturé. J'entends parfois dire que c'est une colonie de vacances ou un service militaire, ce qui n'est évidemment pas le cas.
Nous faisons face à la poursuite insuffisante du volontariat pour les missions d'intérêt général par des jeunes qui, après le séjour de cohésion, ne trouvent pas celle qui leur conviendrait, ne serait-ce que pour une raison de proximité. Un jeune mineur de Châtellerault dont la mission d'intérêt général aurait lieu à Poitiers, n'a pas toujours la chance d'avoir un parent pour l'accompagner.
D'autres critiques portent sur des difficultés organisationnelles qui sont loin d'être fatales. En raison de la crise sanitaire, des parents hésitaient à inscrire leurs enfants pour un séjour en collectivité. Je l'ai entendu. Nous avons avancé. Des territoires nous est remontée la question de la disponibilité des infrastructures pendant les vacances scolaires. Retenir un centre de séjour de vacances quand c'est le temps fort d'une colonie de vacances n'est pas sans difficulté.
Une autre difficulté a trait à la gestion des transports. Le SNU se doit d'être le plus inclusif possible. Tous les jeunes n'ont pas un arrêt de TGV dans leur ville, mais il n'y a pas de raison que les jeunes de Pau, d'Aurillac et de Guéret n'aient pas la même facilité d'accès. Nous avions donc décidé d'utiliser des cars, mais le métier de transporteur étant en tension, nous rencontrons les mêmes difficultés que pour les cars scolaires, les organisations de colonies ou d'éducation populaire. Il faut déléguer la gestion des transports au plus proche des territoires et non la gérer à Paris.
Enfin, le paiement des encadrants est le plus grand point de rupture de la promesse. L'année dernière, en particulier, il a subi un important retard qui, pour moi, n'a pas d'explication rationnelle. Les services de l'agence de services et de paiement de l'État (ASP) et les rectorats ont rencontré des difficultés techniques de gestion de fichiers. Nous n'avons pas été à la hauteur des paiements et de l'engagement pris, ce qui a laissé des cicatrices dans la confiance des encadrants dans le process que nous mettons en place, et ceux que nous mettrons en place devront être exemplaires. Pour cela, il faut reconnaître les erreurs. Nous avons des pistes. Plutôt que nous appuyer sur l'agence de services et de paiement de l'État, il conviendrait de déléguer cette tâche aux rectorats, d'agir plus près des territoires et de ne plus créer d'entonnoir provoquant des retards difficiles à expliquer. Quand celui qui a fait sa mission n'est toujours pas payé, il ne suffit pas de lui répondre qu'il manque une photocopie de sa carte d'identité ou de sa carte vitale.
Au-delà du déploiement, un renforcement des moyens humains était nécessaire pour répondre aux besoins d'encadrement de nos services territoriaux, les directions départementales de la jeunesse et des sports (Drajes) et les directions départementales à la jeunesse, à l'engagement et aux sports (SDJES). Cette mission, c'est d'abord de l'encadrement, de l'accompagnement des élus locaux et des associations territoriales. C'est pourquoi nous avons procédé à plus de quatre-vingts recrutements supplémentaires incluant des compétences nouvelles et réalisé des partenariats féconds entre secteurs associatifs, écoles, culture des réserves, civiles ou militaires.
Le respect des guides, des contenus et des cahiers des charges pédagogiques a attesté d'une bonne gestion. Cette année, les enjeux logistiques ont été mieux anticipés, grâce à une planification permettant aux jeunes de projeter leur semaine, voire leurs deux semaines, afin de s'en approprier les temps forts, de partager des moments d'apprentissage et des moments de loisirs, car il y a des temps libres, pendant le SNU. Cette organisation matérielle renouvelée améliore les conditions des jeunes et des encadrants, puisque nous avons identifié les éléments bloquants.
Nous voulons davantage de partenariats associatifs. Nous nous sommes appuyés sur des associations pour réaliser des modules « écologie » ou « culture », car il faut aller chercher celui qui fait le mieux. Pour cela, il faut donner de la visibilité aux associations.
À l'instar de ces points d'amélioration, le retour d'expérience des volontaires en 2021 et 2022 enregistre des progrès notables. Carburant renouvelable de la volonté constante d'amélioration. neuf jeunes sur dix ont trouvé leur aventure satisfaisante ou très satisfaisante. Après avoir vécu le SNU, ils sont prêts à en témoigner, ce qui a été objectivé par l'Injep. 83 % des jeunes volontaires disent avoir vécu une expérience de mixité. Ils ont rencontré quelqu'un d'un milieu social différent, ont parfois découvert des valeurs différentes, des jeunes venant de territoires différents et aux centres d'intérêt différents. Quand un jeune Français qui vit à l'étranger découvre la vie d'un jeune de Guéret, de Nantes ou de Trappes avec lequel il n'aurait jamais partagé ce temps, c'est une chance pour notre pays, puisque ces jeunes voient ce qu'ils ont en commun. Pour 78 % d'entre eux, la généralisation du dispositif serait utile ou très utile pour la société.
Le SNU fournit l'occasion de belles histoires. Je parlais des jeunes qui ont pris le train pour la première fois. En matière de résilience et de force morale, à Nort-sur-Erdre, dans ma circonscription, deux jeunes ont réagi de la meilleure manière au malaise cardiaque d'une jeune fille dans un lycée. Formés aux gestes qui sauvent au cours de leur séjour de cohésion, ils sont intervenus en quelques minutes. Les pompiers ont salué leur quasi-professionnalisme. Sans cette sensibilisation, cette jeune fille n'aurait peut-être pas eu le même destin. C'est l'utilité du module « conduite à tenir en cas d'urgence vitale ».
Je vous invite à discuter avec les maires qui ont vu la participation aux cérémonies de jeunes en uniforme fiers de lever un drapeau, de chanter une Marseillaise ou de participer à des actions avec les anciens combattants ou les associations mémorielles. C'est aussi cela, le lien armées-nation, le lien avec notre histoire et les temps partagés. Ils ont redécouvert ces cérémonies républicaines et ils ont envie de les revivre sur leurs propres territoires, et c'est une chance.
Permettre aux armées de s'investir plus au sein du service national universel est une priorité. Ce sera la contribution des prochains mois et des prochaines années. Nous avons la preuve que cette expérimentation fonctionne et qu'elle peut s'améliorer. C'est pourquoi nous avons avancé afin, selon les mots du Président de la République, d'aller vers un plein déploiement et au bout de notre démarche.
Le service civique, la partie civile de la deuxième étape d'engagement, a vocation à être renforcée budgétairement et dans son déploiement. Il nourrit la phase d'engagement long, la troisième phase qui donne pleinement la chance à des jeunes de vivre un temps de six à huit mois.
Mais le SNU c'est aussi un temps pour amorcer, universaliser d'autres logiques d'engagement. Il fait découvrir à nos jeunes les bienfaits d'une réserve, de l'engagement au sein du corps des sapeurs-pompiers ou de voies qu'ils s'interdiraient d'emprunter. Pour mobiliser notre société, créer cette cohésion nationale, augmenter la résilience et la force morale, il faut le consolider. Nous souhaitons nous appuyer sur les armées qui cultivent au plus haut l'esprit d'équipe, la solidarité et la transmission. Si leurs modes d'organisation sont différentes, nos objectifs sont rigoureusement les mêmes. Il s'agit de renforcer le sentiment d'appartenance à la République et à la France, la résilience de notre nation, la culture de l'engagement, d'offrir de la mixité sociale et territoriale à l'ensemble d'une classe d'âge, d'aider à l'orientation des jeunes par la construction d'un parcours professionnel et la découverte d'autres métiers. Des jeunes d'Ile-de-France qui n'auraient jamais mis les pieds dans la Creuse, ont découvert des lycées agricoles. Quelle fierté que certains aient eu le bonheur de faire cette découverte !
Veillons à ce que ce projet garde son essence sans jamais préempter les moyens budgétaires que nous devons à nos forces armées et à l'éducation nationale. Le budget de nos armées est en augmentation et celui du SNU aussi ; le budget de l'éducation nationale est en augmentation, celui du service civique aussi.
Certains estiment ce dispositif bien trop coûteux et qu'on pourrait investir des moyens plus pertinents en faveur de notre jeunesse. Le combat pour l'unité du pays n'a pas de prix. Notre responsabilité politique est d'aider chaque jeune à faire le meilleur usage des deniers publics. Quand on renforce le sentiment d'appartenance, quand on ouvre le champ des possibles, donc le sentiment de vivre dans une nation qui donne et investit au maximum pour ses jeunes, ce n'est pas de l'argent mal investi.
Nous vivons un moment charnière. Après une expérimentation dans treize départements, nous avons étendu le SNU à la France entière, en métropole et en outre-mer. Face aux défis que représentent une guerre sur notre continent, l'aggravation des conséquences du changement climatique, un risque de fracture profonde entre des jeunesses qui ne se parlent plus et l'accélération des conséquences des réseaux sociaux sur l'accès à l'information, le SNU peut développer l'esprit de résilience et de cohésion nationale propre à surmonter ces difficultés.
Certains se demandent si le service national universel ne doit pas devenir obligatoire et, si oui, quand cette obligation pourrait entrer en vigueur ? Pourquoi mon secrétariat d'État est-il rattaché à l'éducation nationale et aux armées ? Cela signifie-t-il la militarisation du SNU ? La réponse est strictement non, il n'y a aucune militarisation. Je tiens à lever toute ambiguïté. Il est difficile de ne pas rattacher quelque chose de nouveau à quelque chose qu'on connaît, mais c'est aussi une chance. Le monde change. Nos armées ont connu le service militaire. Notre armée professionnelle est confrontée à de nouveaux défis et à de nouveaux enjeux. Notre pays a besoin d'une jeunesse capable de réagir en cas d'urgence, qui connaisse ses capacités d'action, qui soit fière d'elle quand on la comprend. Ses engagements sont multiples et sans aucune hiérarchie entre les causes et entre les dispositifs d'engagement, qu'ils soient civils ou militaires. Sortir de ces ambiguïtés est une autre condition nécessaire pour la réussite de ce projet.
Qui d'autre que les armées et l'école peuvent mieux accompagner des centaines de milliers de jeunes ? L'école accueille douze millions de jeunes. Nos armées ont l'expertise du service militaire adapté (SMA) et du service militaire volontaire (SMV), sans parler des lycées militaires. Elles ont la culture de l'accompagnement des jeunes, parfois de jeunes très en difficulté, comme dans certains territoires ultramarins où les SMA, donnent d'excellents résultats. Appuyons-nous sur toutes ces expertises et ne nous limitons pas à une lecture restrictive.
L'expérience d'accueil dans les établissements pour l'insertion dans l'emploi (Epide) est une chance. Tous ceux qui ont pu découvrir les Epide sur leur territoire voient bien leur capacité de transformation. Je considère ce double rattachement comme une chance pour les jeunes eux-mêmes, puisqu'on va chercher les meilleures expertises, pour les compléter et les additionner.
Tout n'est pas parfait mais tout peut être amélioré. Le service national universel, ce sont aussi des bilans de santé pour des jeunes qui ne voient pas de médecin, chez qui on découvre une myopie ou des pathologies pour lesquelles on donne accès à des réponses. Il offre également possibilité de se préparer à l'examen du permis de conduire, dont le défaut est bloquant dans des territoires isolés. Le permis de conduire est une nécessité pour continuer à se projeter et s'épanouir. Facilitons en l'accès.
En outre, c'est une chance de pouvoir s'appuyer sur des mémoires vivantes qui ont vécu une jeunesse, détiennent une expertise et pourront s'adresser à la diversité de notre jeunesse pour l'aider à trouver le meilleur d'elles-mêmes.
Rien n'est arrêté. Je me tiens à la disposition de la représentation nationale pour présenter les étapes clés, le détail des bilans et répondre à toutes les questions. Je vous invite à venir découvrir les séjours de cohésion dans les territoires, à discuter avec des parents dont les enfants ont fait le SNU, dont certains n'y étaient pas très favorables initialement. Je vous invite à discuter avec des enseignants et des représentants d'associations encadrantes. Certaines qui n'étaient franchement pas favorables à la naissance du projet ont vu des jeunes se transformer ou compris qu'en réunissant l'école, la culture de nos armées, des corps en uniforme et l'éducation populaire, on bénéficiait de l'excellence des trois.
Vous l'aurez compris, le SNU est un pilier de notre projet de société, un projet de confiance, un projet pour nos jeunes. C'est la République en acte, un projet à même de largement dépasser les clivages politiques, pour peu qu'on continue à l'améliorer.