Bien sûr, mais en tant que patriotes, nous avons du mal à croire à une armée européenne qui défend parfois des intérêts différents des nôtres.
Monsieur Cordier, il est vrai que l'armée a du mal à fidéliser les nouvelles recrues. Elle a du mal à créer des vocations, notamment dans le domaine du cyber. Les jeunes préfèrent travailler dans le privé que dans l'armée française. Il faudrait peut-être augmenter les soldes. Nombre de militaires refusent de monter en grade, parce que cela représente plus de contraintes et que les rémunérations ne suivent pas.
S'agissant des canons Caesar, la seule information dont nous disposons, c'est que 6 canons vont être donnés à l'armée ukrainienne par le Danemark. Pour sa part, la France a déjà prévu de passer commande de nouveaux canons Caesar, mais il faut beaucoup de temps pour les construire et ils devraient être prêts à l'été 2024.
Monsieur Petit, nous ne savons pas comment la guerre va évoluer ; elle sera longue et il faut être prudent. On ne peut pas s'engager dans un élargissement de l'OTAN avant que les tensions ne s'apaisent. Attendons la fin de la guerre et veillons au respect de l'État de droit en Ukraine.
Monsieur David, vous avez soulevé la question de l'économie de guerre. L'industrie française a des difficultés à produire rapidement un certain nombre de matériels, parce que la France manque de tout, notamment d'ingénieurs. C'est la conséquence de choix politiques passés : depuis de très nombreuses années, le budget de la défense a servi de variable d'ajustement. Il est vrai qu'on est en train de rattraper ce retard mais il reste fort à faire.
Madame Ménard, la France soutient l'Ukraine mais elle n'est pas en guerre aux côtés de l'Ukraine. Je suis d'accord avec votre constat : l'armée française a été dépecée, on a fermé des casernes, on a réduit les effectifs et investi de moins en moins depuis dix ou quinze ans dans l'armement et le matériel. Il faudra être très attentifs à la prochaine loi de programmation militaire.
Madame Robert-Dehault, vous m'interrogez sur le moral de nos troupes en Roumanie. J'ai vu une nette différence entre les officiers, qui ont un point de vue assez tranché et une vision presque apocalyptique de la situation – ils considèrent qu'une bombe nucléaire peut frapper la Roumanie d'un moment à l'autre – et les soldats du rang ainsi que les sous-officiers, qui voient leur mission comme une OPEX classique.