« Déléguer notre alimentation, notre protection, notre capacité à soigner, notre cadre de vie, au fond, à d'autres est une folie. » Voilà ce que déclarait le Président de la République en plein cœur de la crise du covid-19 : la mondialisation à tout prix est, dit-il, une folie qu'il faut réguler, en particulier dans le secteur agricole.
Or, que fait-on depuis deux ans ? L'inverse, monsieur le ministre. Toujours plus de libre-échange et de traités : avec le Japon, Singapour, le Vietnam, le Mexique, le Canada et, cette année, la Nouvelle-Zélande. Que prévoit ce dernier traité ? Selon les bribes d'information qui ont filtré, l'importation de milliers de tonnes de produits laitiers, de viande ovine et bovine. Quel sens cela a-t-il de déménager des moutons à travers les océans ? Quel sens cela a-t-il de consommer du lait qui contient 19 167 kilomètres de voyage en paquebot ? Cela n'en a aucun sur le plan écologique !
C'est amusant car je me souviens de Bruno Dufayet, président de la Fédération nationale bovine (FNB) – l'un des agriculteurs qui m'ont marqué sous la précédente législature – s'interrogeant : « Qu'attend-on de nous ? Vous voulez la compétition, le modèle néozélandais ? On le fera. Une agriculture familiale, de proximité, qui intègre le bien-être animal ? On le fera. Vous voulez tout à la fois. C'est aux Français et à vous, les politiques, de fixer un cap. »
Quel est le cap ? Les clauses miroirs ? Il n'y en a pas, en l'espèce, puisqu'on pourra importer la viande et le lait de vaches qui auront consommé de l'atrazine, utilisé dans les pâtures, et du diflubenzuron, un cancérigène possible interdit sur nos terres, et qui auront été nourries au tourteau de palmiste, issu d'une monoculture qui dévaste les forêts d'Asie du Sud-Est.
Ma question est simple. Quand le traité de libre-échange avec la Nouvelle-Zélande sera-t-il discuté ici, devant l'Assemblée ?