La guerre en Ukraine inscrit l'examen des crédits de la mission "Agriculture, alimentation, forêt et affaires rurales" et du compte d'affectation spéciale "Développement agricole et rural" dans un contexte grave et particulier. En effet, il est absolument stratégique de pouvoir produire pour nourrir. Ces crédits traduisent cette ambition claire du Gouvernement en nous donnant les moyens d'assurer notre souveraineté alimentaire, un grand enjeu effectivement défini par Edgard Pisani il y a déjà soixante ans, mais qui reste d'actualité. L'oublier serait une erreur grave, voire tragique, quand nous voyons à quel point l'alimentation peut être utilisée comme une arme.
Notre démarche budgétaire respecte l'équilibre auquel nous sommes collectivement attachés, en donnant au ministère les moyens d'agir dans un esprit de responsabilité plein et entier. Je veux ici saluer le travail de la commission et celui des rapporteurs.
Le ministère sera doté de 5,987 milliards d'euros, soit 1 milliard d'euros de plus que l'année précédente. Pour répondre à M. Chassaigne et à M. Dive, je souligne que cette augmentation ne s'explique pas uniquement par la hausse des crédits liés à l'assurance récolte : les deux tiers des crédits supplémentaires sont dédiés à d'autres mesures. Ces hausses prévues dans le premier budget du quinquennat constituent un signal fort, un soutien très concret et décisif qui permettra l'entrée en vigueur de la réforme de l'assurance récolte, la prolongation du TODE, le maintien du financement de l'indemnité compensatoire de handicaps naturels, l'amélioration de la politique forestière et la dynamisation de l'enseignement agricole.
Compte tenu des crédits du plan de relance, des financements européens et des 2,9 milliards d'euros de crédits interministériels prévus dans le cadre du plan France 2030, nous fournissons au total un effort massif de 26 milliards d'euros en faveur de l'agriculture, nous donnant ainsi les moyens de nos ambitions.
Je profite de cette intervention pour saluer toutes les équipes de mon ministère au service des agriculteurs et des entreprises agricoles partout sur le territoire, y compris en période de crise, dont l'engagement sans faille permet de traduire ce budget en actes. J'en veux pour preuve le volet Transition agricole, alimentation et forêt du plan France relance, doté de 1,5 milliard d'euros et dont les crédits sont engagés à 85 % à ce jour.
Ces crédits nous permettent de soutenir les filières, les exploitations agricoles et la forêt : c'est le premier axe de notre action. Je voudrais ici insister sur quatre points en particulier.
Le premier concerne la réforme de l'assurance récolte. Il s'agit probablement de la réforme la plus structurelle et la plus importante qui ait été menée depuis des décennies pour la résilience de notre agriculture.