L'activisme agricole dont fait preuve la majorité depuis plus de cinq ans ne saurait cacher la faiblesse de ses résultats. Ce n'est malheureusement pas ce budget en trompe-l'œil qui inversera le cours des choses : l'augmentation des crédits y est certes significative, mais elle tient essentiellement aux engagements pris en matière d'assurance agricole, dans un système qui – vous en conviendrez vite – ne garantira pas la pérennité de l'ensemble des exploitations face aux aléas climatiques, et encore moins face à l'ensemble des risques environnementaux et sanitaires. Un véritable régime public d'assurance, de gestion et de prévention des risques reste à bâtir.
Si cette augmentation du budget est bienvenue après des années de disette, elle ne suffira pas à inverser la pente dangereuse sur laquelle vous avez engagé l'agriculture française, faute d'avoir engagé ces dernières années les réorientations structurelles indispensables au renouvellement de nos capacités productives.
Dans les domaines les plus déterminants, votre libéralisme assumé bloque tout changement en profondeur. Il ne suffit pas de se draper dans les oripeaux de la souveraineté alimentaire à Paris pour combattre les méfaits du libre-échange à Genève, où siège de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), ou pour affronter les « serial dealers » bruxellois à Wellington ou à Canberra. Je pense en particulier aux éleveurs ovins et bovins dont l'activité repose sur l'herbe, comme dans le Massif central.