Nous sommes aussi inquiets du feu qui couve sous la cendre en outre-mer et en Corse. Écoutez enfin leurs habitants et leurs représentants ; cessez d'imaginer des solutions depuis Paris, inadaptées à ces territoires et à leurs histoires. Nous vous faisons, avec eux, des propositions concrètes. Les entendez-vous ? Les premières réformes laissent penser le contraire : vous avez décidé de vous octroyer les pleins pouvoirs pour réformer l'assurance chômage : tout passera par décrets. En outre, je ne crois pas que vous réglerez les problèmes de recrutement des entreprises en durcissant les indemnités des chômeurs : c'est faux.
Travaillons d'abord sur l'augmentation des petits salaires par la suppression des cotisations sociales, que nous pourrions transférer sur les gros revenus, et, plus largement, convoquons d'urgence une grande conférence sociale sur de nouvelles pratiques de partage de la valeur ajoutée.
Vous entreprenez aussi une réforme des retraites. Il faut mettre fin aux injustices des petites pensions, indexer enfin les autres et équilibrer notre régime. D'autres questions doivent être réglées : les carrières hachées, les régimes spéciaux… Surtout, avant toute réforme, il faut lancer un plan de soutien à l'emploi des seniors. Nous sommes opposés à un report généralisé et indifférencié de l'âge de départ à 65 ans. Il est urgent de prendre le temps et de véritablement travailler avec les partenaires sociaux. Nous ne sommes pas à six mois près !
Nous mesurons bien les difficultés, le poids de la dépense publique et de la dette, mais nous n'oublions pas que notre pays doit s'engager sans attendre dans des plans massifs d'investissement : pour l'environnement et la transition écologique, pour la sécurité et la défense. Ce doit être une réflexion collective ; discutez avec le Parlement bien plus en amont des projets de loi ; dialoguez avec les corps intermédiaires et avec les représentants des collectivités des grandes priorités pour notre pays.
Un peu naïvement, je pensais que c'est ce que vous souhaitiez faire avec le Conseil national de la refondation. Mais, là aussi, vous avez décidé seuls de l'objectif, des thèmes et des personnes à convier. C'est une méthode vouée à l'échec.
Il n'est jamais trop tard pour bien faire ! Le Président de la République doit changer de logiciel. Seul le dialogue nous permettra de voter des lois d'autant plus efficaces qu'elles seront le fruit d'une coconstruction. Madame la Première ministre, mesdames et messieurs les ministres et chers collègues de la majorité relative, écoutez le message des Français ; décidez autrement ; osez engager un printemps démocratique et vous verrez avec quelle facilité notre pays, que l'on dit si difficilement gouvernable, se mobilisera tout entier pour sa réussite. Nous serons à vos côtés si vous acceptez de relever ce nouveau défi !