Repoussant les propositions des oppositions, tant sur les dépenses que sur les recettes, méprisant leurs représentants au point de faire le tri parmi vos interlocuteurs pour sélectionner ceux que vous jugez les moins gênants pour évoquer l'avenir du pays, balayant les concertations – les étudiants en médecine savent de quoi je parle –, vous avez montré que votre nouvelle méthode n'est évidemment qu'un leurre. Quitte à vous en réclamer, vous auriez dû vous inspirer de celle définie par Descartes pour éviter l'erreur et appliquer ses principes directeurs – l'évidence, l'analyse et l'ordre –, mais, là encore, vous avez failli.
L'évidence, d'abord : les épreuves subies par les Français sautent aux yeux. L'analyse de vos erreurs vous est étrangère. L'ordre, y compris social, auquel aspire le pays est battu en brèche. Votre monde d'en haut se replie, se rigidifie, se protège et utilise la distanciation sociale comme un bouclier politique. Vous présentez vos politiques comme généreuses, alors qu'elles ne sont que les conséquences d'un modèle qui ubérise la société, insécurise les Français et culpabilise nos concitoyens. En refusant de débattre, vous déplacez le débat sur le terrain moral, ce qui n'a évidemment aucun sens. Les électeurs de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon, les gilets jaunes, les souverainistes, ou tout simplement ceux qui refusent de ramper sont perçus comme stupides, populistes ou indignes de considération : ce n'est pas beau, ce n'est pas bien, ce n'est pas convenable.