Je vais terminer mon propos. Je rappelle que la situation pourrait être encore plus sévère, puisque le CNRS et Météo-France prévoient que le réchauffement pourrait atteindre jusqu'à 4,5 degrés, si les émissions ne sont pas rapidement réduites. Or elles sont loin de l'être car en 2022, les émissions mondiales ont atteint un nouveau pic, s'établissant à un niveau plus élevé qu'en 2019 avant la crise du covid. En France, nos émissions stagnent : elles ont baissé de 0,6 % alors qu'elles devraient diminuer de 7 % par an pour atteindre les objectifs de l'accord de Paris.
L'État, nous le soulignons dans notre rapport, n'est pas prêt à assumer les conséquences du changement climatique et de la crise écologique en France. Face à la plus grande menace que notre pays aura à affronter dans les prochaines années, il regarde ailleurs. Le nouveau rapport du CNRS et de Météo-France rend caducs les scénarios sur lesquels se basent les politiques d'adaptation au changement climatique. Nous recommandons donc une actualisation de toute urgence de ces scénarios.
L'association nationale des élus du littoral – Anel – nous a alertés sur la grande difficulté dans laquelle se trouvent les collectivités littorales qu'on laisse libres de fixer le scénario de montée des eaux, ce qui occasionnera du dumping entre communes. Du reste, le mécanisme d'indemnisation des évictions n'a aucun effet correcteur sur le marché immobilier.
Dans un débat énergétique, au cours duquel la droite et l'extrême droite, rivalisant de mauvaise foi, souhaiteraient faire reposer le salut de l'humanité sur la seule technologie nucléaire, je tiens à vous faire part des alertes importantes de l'Autorité de sûreté du nucléaire – ASN –, que nous avons auditionnée dans le cadre du rapport spécial. Cette autorité, que l'on ne peut qualifier d'Amish, nous a alertés sur le fait que la stratégie de production électrique ne prenait pas en compte la marge nécessaire pour faire face aux aléas sur le parc nucléaire existant : ce qui s'est passé cet hiver pourrait se reproduire. Rappelons que les réacteurs mis à l'arrêt après la découverte de la corrosion sous contrainte sont ceux de la nouvelle génération.
Par ailleurs, EDF n'a pas encore démontré que le prolongement de la vie des réacteurs nucléaires au-delà de cinquante ans était possible, en termes économiques et sur le plan de la sûreté. L'ASN rappelle que, d'ici à 2035, seul l'EPR (réacteur pressurisé européen) de Flamanville fournira une capacité électrique supplémentaire : il nous faudra donc accélérer, tant en matière d'économie d'énergie que d'énergies renouvelables, si nous ne voulons pas connaître de coupures d'électricité chroniques. N'en déplaise à l'extrême droite ou la droite, être pro-nucléaire n'autorise pas à être anti-énergies renouvelables.