Nous examinons ce budget des transports pour 2023 alors que nous traversons une période particulièrement complexe, les crises se superposant et se faisant écho : une crise sanitaire sans précédent qui a fortement touché notamment le secteur des transports ; une crise économique et sociale avec nombre de nos concitoyens qui n'arrivent plus à remplir leur réservoir et qui souffrent du déficit de transports du quotidien au sein de nos territoires et une crise environnementale qui va en s'amplifiant d'année en année.
Pourtant, cela fait des années que nos gouvernements traînent des pieds pour mettre enfin sur la table les budgets pérennes et massifs indispensables à la modernisation, au renouvellement et au développement de nos transports les moins polluants, en particulier le rail, et cela fait des années qu'à chaque loi de finances, nous regrettons que le compte n'y soit pas.
Certes, ce budget 2023 comporte des motifs de satisfaction : hausse des AE et des CP de 5,5 % pour le ferroviaire ; hausse du budget de l'Afitf ; hausse pour les voies navigables ; augmentation de plus de 156 % des aides à l'acquisition de véhicules propres et un plan Vélo toujours aussi ambitieux.
Mais force est de constater que nous avons bien du mal, à sa lecture, à nous faire une idée claire et précise de la place qui sera accordée aux investissements les plus prioritaires. Hélas ! Vous allez nous répondre qu'il faut encore attendre l'avis du Conseil d'orientation des infrastructures. Encore une fois, vous avez mis la charrue avant les bœufs puisque nous examinons ce budget alors que vous n'êtes pas en mesure de nous dire comment il sera réparti précisément. Pourtant, nous avons déjà, depuis bien des années, une idée précise des montants et des priorités, et nous pouvons affirmer que plusieurs chiffres de ce budget sont toujours très loin de ce qu'exige la réalité.
Vous dites vouloir donner la priorité au développement du transport ferroviaire, mais nous constatons que les 3,8 milliards prévus sont bien en deçà des différents enjeux auxquels ce secteur doit faire face. Je rappelle les déclarations concordantes de plusieurs experts du secteur : le COI, qui estimait, en mars dernier, à pas moins de 200 milliards sur dix ans les besoins d'investissements, tels qu'ils remontent du territoire ; le président de la SNCF, Jean-Pierre Farandou, qui affirme que, si on n'investit pas dès aujourd'hui franchement dans le réseau ferroviaire, on peut faire une croix sur son projet à 100 milliards pour doubler en quinze ans la part du ferroviaire dans le transport de voyageurs et dans le transport de marchandises et le président de la FNAUT, Bruno Gazeau, selon lequel « donner la priorité au ferroviaire nécessite un doublement des investissements qui lui sont consacrés ».
Notre groupe a ainsi déposé un amendement demandant au Gouvernement que ce budget prévoie 1 milliard de plus pour la régénération du réseau de la SNCF, qui viendrait s'ajouter aux 2,8 milliards annuels sanctuarisés par le contrat de performance de 2018. Ce serait un signal fort et une vraie promesse pour la SNCF de pouvoir effectuer les travaux de régénération et de modernisation nécessaires. Nos concitoyens ont plus que jamais besoin que l'on investisse massivement dans les lignes qui leur permettront de trouver du travail au sein de leur territoire, d'avoir plus facilement accès aux services publics et de ne plus être enclavés et toujours ultradépendants de leur voiture.
Quid, par ailleurs, du fret ferroviaire, abandonné durant des années, et qui aujourd'hui pâtit considérablement de la hausse des prix de l'énergie ?
Quid enfin du train de nuit, grand oublié de ce budget ?