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Intervention de Damien Adam

Séance en hémicycle du lundi 31 octobre 2022 à 9h00
Projet de loi de finances pour 2023 — Écologie développement et mobilité durables

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDamien Adam, rapporteur pour avis de la commission du développement durable et de l'aménagement du territoire :

Le transport aérien sort d'une crise sans précédent, liée à l'épidémie de covid-19. Si le trafic a désormais retrouvé près de 90 % de son niveau de 2019, un retour à la normale n'est pas attendu avant 2025, selon les chiffres d'Eurocontrol – Organisation européenne pour la sécurité de la navigation aérienne. Dans ce contexte, les mesures de soutien public prises par le Gouvernement dès le début de la crise sanitaire ont été indispensables à la survie du secteur.

Mais après deux années prioritairement dédiées à cet objectif, la décarbonation du transport aérien apparaît plus que jamais d'actualité. Ce secteur est en effet responsable de près de 3 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde et, plus que n'importe quel autre, il se doit de réussir sa transition écologique : c'est à cette condition que nous pourrons continuer de voler en 2050.

Pour atteindre l'objectif de neutralité carbone du transport aérien, une panoplie d'outils doit être mobilisée.

Tout d'abord, il faut développer le recours à des carburants durables d'aviation (SAF pour Sustainable Aviation Fuels). Depuis le 1er janvier 2022, l'objectif d'incorporation est fixé à 1 % et doit progressivement augmenter. Il convient de saluer les efforts des compagnies aériennes : EasyJet a signé avec une compagnie du Royaume-Uni un contrat pluriannuel qui lui permettra d'atteindre cet objectif, tandis qu'Air France, qui rencontrait des difficultés d'approvisionnement, vient tout juste de signer deux contrats de fourniture de SAF avec des entreprises finlandaise et américaine. L'approvisionnement reste cependant difficile et le coût des SAF trop élevé, puisqu'il est quatre à six fois plus cher que le kérosène classique. Il est donc urgent d'accentuer le soutien public à la production de SAF. Des aides sont prévues, au travers des appels à projets lancés dans le cadre des plans France relance et France 2030. Face à l'urgence, il convient d'accélérer les délais de mise en place des aides et d'orienter celles-ci non plus seulement vers la mise en place de démonstrateurs et d'études préindustrielles, mais aussi vers la construction d'usines prêtes à fonctionner et capables de fournir une production massive.

L'optimisation des trajectoires de vol est également intéressante puisqu'elle permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre du transport aérien de 6 % à 10 % lors des phases de décollage, d'approche et d'atterrissage. Le développement de trajets plus directs, notamment grâce aux descentes continues et non plus par paliers, présente un intérêt global en termes de réduction de la pollution et du bruit. Leur mise en ?uvre est toutefois ralentie car certaines habitations pourraient être désavantagées. Il convient donc d'aider toutes les personnes potentiellement touchées, par l'attribution rapide d'aides à l'insonorisation.

Le développement des SAF et les progrès technologiques constituent les principales solutions pour décarboner le transport aérien, mais en attendant que les avions verts deviennent majoritaires dans le ciel, chacun, à son échelle, doit prendre conscience de l'impact des trajets en avion sur le climat et, lorsque c'est possible, les limiter. Afin de sensibiliser et de responsabiliser les consommateurs, je propose la création d'une plateforme internet unique, également déclinée en application mobile, présentant le budget carbone aérien par an de chaque citoyen. Celui-ci pourrait suivre l'évolution de son budget carbone, ainsi que la consommation en carbone de chacun de ses trajets effectués en avion au départ de France ou à l'arrivée dans un aéroport français. Mais il ne suffit pas de sensibiliser les voyageurs, encore faut-il qu'ils puissent facilement remplacer leur voyage en avion par un moyen de transport moins polluant, ce qui suppose d'encourager le report modal de l'aérien vers le ferroviaire.

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