Les amendements n° 879 et 880 concernent notre capacité militaire. La France a fait le choix de se doter d'une armée de pointe, capable d'intervenir partout. C'est une bonne chose mais, parallèlement, on a pu lire dans la presse, il y a quelques jours, que, si l'armée française était engagée dans un conflit majeur de haute intensité, comme en Ukraine, elle pourrait tenir un front de 80 kilomètres tout au plus.
Il faut saluer l'augmentation des crédits pour 2023, soit 7 % supplémentaires en un an. Mais cela sera-t-il suffisant, alors que notre pays est en guerre aux côtés de l'Ukraine ? À la guerre, ce qui compte, c'est la masse de soldats. Or l'armée française a été construite sur le modèle d'une force expéditionnaire professionnelle, mais relativement légère. La question mérite donc d'être posée. Compte tenu des enjeux qui sont les nôtres aux côtés de l'Ukraine face à la Russie, sans compter l'inflation qui rogne l'augmentation du budget, 3 milliards seront mobilisés. Est-ce assez ?
Le troisième amendement porte sur le caractère professionnel, mais aussi confidentiel, de notre armée : 270 000 militaires en comptant les réservistes, quand les États-Unis sont forts de 2 260 000 militaires professionnels et 86 000 réservistes. Dans ces conditions, comment la France peut-elle tenir son rang, notamment face à des puissances qui continuent de se renforcer comme la Turquie ?
Le dernier amendement concerne le couple franco-allemand, dont nous avons parlé tout à l'heure. Du point de vue de la défense, l'achat de F-35 pour 40 milliards d'euros et l'enlisement des projets d'avion et de char du futur illustrent le choix politique de plus en plus marqué de l'Allemagne de privilégier l'achat de matériel américain au détriment du matériel français. Quelle est la stratégie du Gouvernement pour soutenir l'exportation du matériel français en Europe, mais aussi ailleurs dans le monde ?