Comme nous l'avons souligné, la hausse de 3 milliards d'euros du budget de la défense que vous nous présentez est la bienvenue en ces temps troublés. Néanmoins, il faut la relativiser. Vous l'avez vous-même avoué en commission, le coût de l'inflation est estimé à 1 milliard, voire 1,5 milliard pour cette seule année. Par conséquent, il vous faudra procéder à un report de charges de 1 milliard sur l'exercice 2024 afin d'afficher, en 2023, la hausse de 3 milliards prévue par la loi de programmation militaire. Mais nous, parlementaires, garants de la sincérité des budgets que nous votons, posons la question légitime de savoir comment ces reports seront absorbés. Comptez-vous augmenter le prochain budget de 4 milliards ? Que comptez-vous faire en cas d'inflation durable ?
De fait, un tel procédé est devenu, depuis des années, une habitude pour le ministère des armées, un tour de magie peu transparent visant à camoufler la réalité. Certes, votre prédécesseure, Florence Parly, a fait des efforts budgétaires. Néanmoins, le niveau du report des charges de 2019 vous contraint cette année à un nouveau report substantiel, à hauteur de 15 %. À cet égard la courbe s'inverse puisque, je le rappelle, la loi de programmation militaire 2019-2025, votée par l'Assemblée nationale, avait fixé pour objectif de réduire à 10 % le report de charges d'ici à 2025. Pensez-vous tenir cet objectif ?
Vous le savez bien, notre armée n'est pas encore prête à prendre part à un conflit durable de haute intensité.