Vous aviez promis une marche budgétaire de 3 milliards d'euros : le compte n'y est pas. Vous aviez promis une revalorisation de la rémunération des militaires : le compte n'y est pas davantage. Vous aviez promis une LPM à hauteur d'homme : le compte n'y est toujours pas. La marche se révèle une illusion budgétaire ; votre prétendue hausse est d'ores et déjà amputée de 10 % par la revalorisation du point d'indice, sans parler de l'inflation. L'augmentation du prix des matières premières n'épargne pas les armées, en particulier s'agissant des carburants, dont le budget pour l'année 2022 était consommé dès le mois d'août. Les armées doivent tous les jours renflouer le compte du service de l'énergie opérationnelle afin que celui-ci puisse continuer à leur fournir le nécessaire ! À cet égard, le budget pour 2023 repose une nouvelle fois sur des hypothèses irréalistes, que l'on pourrait presque qualifier d'insincères.
La LPM à hauteur d'homme, elle aussi, se ramène à une illusion ; cette fois, ce sont les militaires eux-mêmes qui vont en faire les frais – sur leur solde. La nouvelle politique de rémunération des militaires (NPRM) assurera dans l'immédiat, il est vrai, un gain de pouvoir d'achat à la plupart d'entre eux, mais devant ses conséquences à moyen et long terme, on peut légitimement craindre qu'ils n'en sortent perdants. En effet, la rémunération des militaires ne se réduit pas à leur solde : elle comprend la rémunération différée qu'ils perçoivent à la fin de leur carrière, au moment de la retraite. Or, en concentrant votre réforme sur les primes, vous avez totalement laissé de côté la partie indiciaire de la solde.