Intervention de Pierre Dharréville

Réunion du mardi 18 octobre 2022 à 17h15
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Dharréville :

Nous allons effectivement profiter de cet échange en commission car il n'est pas certain que nous en aurons le loisir en séance publique comme il serait légitime, puisque c'est au Parlement qu'il revient de décider ce que doit être le budget du pays. Les crédits que vous nous présentez sont un peu en hausse, mais cette augmentation est très faible face à l'océan des inégalités auxquelles il est question de s'attaquer. Un système produit des inégalités massives et quelques petits programmes tentent d'y faire face, modestement et avec beaucoup de difficultés ; il faudrait s'attaquer aux causes de ces inégalités galopantes, qui se trouvent évidemment dans le système économique capitaliste dans lequel nous vivons.

Le programme 304, notamment pour ce qui concerne la prime d'activité, paraît insuffisant et inadapté au regard d'une inflation record qui met à mal la vie quotidienne de nombreuses familles ; on se demande comment elles pourront faire face avec les mesures que vous prévoyez. Au passage, le fait que nous soyons obligés de maintenir ce niveau de prime d'activité en dit long sur la qualité de l'emploi, ce qui renvoie à un débat qui a eu lieu il y a quelques jours dans l'hémicycle. Je regrette aussi la baisse du budget relatif à la stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté. Est-ce vraiment le moment ? Cela semble étonnant.

Je m'inquiète également pour le dispositif d'aide alimentaire qui, à mes yeux, appelle une grande réforme ; son organisation actuelle pose de nombreux problèmes. Il ne s'agit aucunement d'en réduire la portée, compte tenu de la gravité de la situation dans laquelle se trouvent de nombreuses familles, mais ses modalités doivent être revues. Des propositions ont été faites par les associations, qui visent à éviter que l'aide alimentaire ne se transforme en un marché de seconde zone pour les plus pauvres d'entre nous.

Je me fais l'écho des inquiétudes exprimées au sujet de la protection de l'enfance. Le reportage télévisé mentionné n'est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein : ce n'est pas la première fois que nous nous interrogeons sur la capacité d'action de la puissance publique en matière de protection de l'enfance et nous mesurons l'ampleur de l'effort nécessaire.

Je m'étonne que les crédits du programme 124 Conduite et soutien des politiques sanitaires et sociales permettant la création de places de formation aux métiers de la santé et du soin soient en baisse ; les besoins sont pourtant patents. J'approuve les propos de ma collègue Marie-Charlotte Garin au sujet du milliard d'euros nécessaire pour la lutte contre les violences faites aux femmes. Enfin, la précarité menstruelle concerne près de deux millions de femmes pour qui l'achat de protections hygiéniques est difficile ou impossible. De nombreuses associations exigent la gratuité de ces produits de première nécessité ; quelle est votre opinion à ce sujet ?

Je souligne à mon tour que le montant de l'AAH est encore loin du seuil de pauvreté et j'insiste sur la nécessité d'agir pour que les enfants handicapés aient un meilleur accompagnement à l'école ; ces sujets sont évoqués de manière récurrente et la puissance publique n'est pas au rendez-vous.

Pour finir, pouvez-vous faire le point sur le recours aux cabinets de conseil par vos différents ministères ?

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