Intervention de Elie Califer

Réunion du mardi 18 octobre 2022 à 17h15
Commission des affaires sociales

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaElie Califer :

De prime abord, la mission Solidarité, insertion et égalité des chances présente une évolution encourageante : par rapport à l'année 2022, autorisations d'engagement et crédits de paiement augmentent. Mais quand on creuse viennent les déceptions. Dans le programme 304 I nclusion sociale et protection des personnes, la progression des crédits destinés à l'aide alimentaire est notamment liée à l'application des dispositions de la loi « Egalim ». Mais on déplore la baisse de 23 % des crédits alloués à l'action Stratégie de prévention et de lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes, quand l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) indique que dans notre pays près de 3 millions d'enfants vivent sous le seuil de pauvreté – pire : en France, selon l'Unicef, 8 000 enfants vivent dans des bidonvilles ! La hausse de l'action Prime d'activité est spécieuse, car elle résulte majoritairement de l'évolution des barèmes du fait de l'inflation. Dans le programme 157 Handicap et dépendance, on observe à nouveau des hausses de crédits en trompe-l'œil. Ainsi, pour l'action 12 qui porte sur les allocations et les aides en faveur des personnes handicapées, cette croissance, multifactorielle, s'explique par l'augmentation du nombre d'allocataires, la revalorisation de l'AAH du fait de l'inflation et surtout par la déconjugalisation enfin arrachée.

La mission ne répond que partiellement aux besoins majeurs qu'elle est censée couvrir, comme la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Alors que ces violences sont en hausse, le taux d'appels traités par le 3919 en 2021 n'était que de 21 % et, en 2023, une femme sur cinq restera abandonnée à son triste sort. On comprend mal que le Gouvernement sous-finance dans de telles proportions sa « grande cause du quinquennat » ; comment pense-t-il faire mieux en 2023 en créant seulement 58 ETP supplémentaires ? Pour faire mieux, il faut aussi des personnes capables d'écouter, de guider et d'accompagner – là est le cœur de la solidarité. Or, depuis 2017, votre ministère a perdu plus de la moitié de ses effectifs.

On se satisfait de l'existence d'un ministère des solidarités, de l'autonomie et des personnes handicapées, surtout s'il est dirigé par vous, monsieur le ministre, mais on ne peut se satisfaire de lire que 25 % des personnes sans domicile fixe sont issues de l'ASE, que 9,3 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté et qu'à compétences égales, l'écart de salaires constaté entre les femmes et les hommes soit de 23 %. Pensez-vous avoir les moyens d'agir sur ces tristes réalités, les moyens d'améliorer la situation des jeunes sortant de l'ASE, surtout outre-mer, et les moyens d'offrir aux AESH un véritable parcours professionnel ?

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