Si les effectifs du RSMA n'ont pas progressé en 2021 et 2022, c'est notamment en raison de la crise du covid. Précisons que, pour entrer dans l'armée, il faut être vacciné ; or on est moins vacciné en Guadeloupe qu'ailleurs. En 2023, le budget consacré au SMA augmentera de 30 millions d'euros, ce qui n'est pas négligeable.
Il nous faut effectivement régler le problème de l'eau et celui des soignants, sans quoi le débat ne sera pas serein.
Je fais attention à ce que je dis publiquement à propos des négociations avec les responsables de l'UGTG car, la dernière fois que je les ai rencontrés, le porte-parole de l'UGTG n'a pas rapporté exactement mes propos. C'est pourquoi j'ai préféré envoyer mon directeur de cabinet pour discuter. Je pense que nous allons progresser, même si c'est très difficile car, je le rappelle, l'ensemble des responsables hospitaliers et du personnel soignant ainsi que la Haute Autorité de santé (HAS) sont opposés à toute évolution en ce qui concerne la réintégration.
S'agissant du BQP, j'ai dit que nous allions essayer de conclure les discussions rapidement pour stabiliser les prix pendant un an ou deux.
J'en viens à la question de l'eau. Il y a une dizaine de jours, M. Jean-Louis Francisque, président du SMGEAG, a passé une matinée avec moi, mon directeur de cabinet et les services. Nous avons élaboré avec lui un plan en neuf questions qui appellent des réponses – en cela, j'ai peut-être excédé mon rôle, car il ne s'agit pas d'une compétence de l'État. Dans les quatre jours qui viennent, mon directeur de cabinet va aborder très précisément ces neuf questions en Guadeloupe. Nous allons essayer de faire partager les réponses à l'ensemble des partenaires.
Je maintiens qu'à ce stade, il s'agit d'un problème non pas financier, mais d'organisation. C'est pourquoi nous avons envoyé des ingénieurs. Les difficultés les plus importantes se concentrent à Sainte-Rose et à l'est de Grande-Terre, après Sainte-Anne et Saint-François ; la situation est meilleure à Basse-Terre et à Capesterre-Belle-Eau. En tout cas, je pense qu'il y aura un avant un après-Fiona, tout le monde l'a bien compris. Sur la question des sargasses, l'ensemble des acteurs en Guadeloupe a fait preuve de cohésion, et on avance bien. Il nous faut bâtir la même cohésion – je relève qu'elle s'est accrue – et la même volonté commune sur la question de l'eau.
Une fois réglés le problème des soignants et celui de l'eau, que va-t-on faire ?
Le 7 septembre dernier, le Président de la République a lancé des travaux pour faire suite à l'appel de Fort-de-France. Toutes les parties se sont mises d'accord pour y consacrer l'année 2023. J'ai pris un mois pour écouter et écrire une lettre portant sur la méthode de travail. Je l'ai signée et elle sera prochainement cosignée par Gérald Darmanin, ministre de l'intérieur et des outre-mer.
Nous avons donc l'année 2023 pour recenser et classer l'ensemble des investissements dont nous avons besoin dans l'ensemble des outre-mer. En Guadeloupe, par exemple, il faudra prendre en charge une quarantaine de ponts, notamment sur les routes communales.
Ensuite, il faut que l'on définisse, pour chaque territoire, l'optimum économique que l'on veut atteindre en dix ou quinze ans, notamment les secteurs à développer. En font partie, de toute évidence, un tourisme bien pensé et la production agricole. Ainsi, que veut dire développer le tourisme à la Guadeloupe et à la Martinique, qui accueillent chacune 850 000 touristes par an, tandis que la République dominicaine voisine en accueille 10 millions ? Il faut travailler sur les croisières, ce qui implique de travailler sur les infrastructures portuaires, pour que les bateaux puissent accoster dans des eaux propres. Il faut aussi travailler avec l'ensemble des acteurs locaux pour que les touristes achètent, d'où l'idée de zones hors taxes dans les ports. En Guadeloupe, Rodolphe Saadé, président-directeur général de CMA CGM, a ouvert un système d'entreprises high tech, que je vais visiter.
Pour créer de la valeur, il faut de l'argent. L'année 2023 est aussi l'occasion de travailler ensemble sur la question des fonds européens. Je souhaite que nous nous mettions d'accord avec le président Chalus pour qu'une grande partie de ces fonds – pas nécessairement l'intégralité – finance des investissements productifs. Peut-être conviendrait-il de même d'orienter prioritairement les dispositifs de défiscalisation vers les investissements productifs.
Tous les sujets que je viens d'évoquer devront faire l'objet de documents particuliers que je souhaite annexer au futur contrat de plan – désignation que je préfère à celle de « contrat de convergence ». Cette méthode vaut pour tous les Drom. Je suis confiant : je pense que l'on parviendra à définir quelques axes et quelques transformations et, le moment venu, à adapter en conséquence les normes françaises et européennes – le caractère inadapté de certaines normes que j'évoquais tout à l'heure à propos de la Guyane est également une réalité dans les autres Drom. Tel est l'objet des travaux lancés le 7 septembre. Nous verrons comment les choses évoluent. Il n'y a pas de miracle, il y a simplement du travail.
Je remercie en tout cas l'ensemble des élus de la Guadeloupe de s'être rassemblés sur la question des sargasses et sur celle de l'eau.