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Intervention de Sabrina Sebaihi

Réunion du mercredi 12 octobre 2022 à 9h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSabrina Sebaihi :

Je remercie la rapporteure pour avis pour la grande qualité de son travail et pour son développement sur l'insécurité alimentaire. C'est un enjeu dont nous devons tous nous préoccuper.

Nous saluons l'augmentation des crédits de paiement de ce budget, dont nous espérons qu'elle se poursuivra les années suivantes. S'agissant des axes prioritaires, la mise en place d'un fonds de provision pour crises majeures est également une très bonne chose. On voit avec la crise en Ukraine que la France doit se doter de moyens pour répondre à l'insécurité dans le monde et être en mesure de venir en aide à ceux qui seraient frappés par une crise soudaine et imprévue – on pourrait également citer, à ce titre, la crise du Covid. Globalement, l'évolution et l'attribution des crédits de l'aide au développement s'inscrit dans une logique positive.

Selon les experts qui essaient d'anticiper les catastrophes liées au changement climatique, lesquelles s'accompagneront de grands mouvements de population, ce sont avant tout les pays du Sud qui seront touchés. En la matière, la France n'a pas pleinement joué son rôle. En 2009, les pays développés s'étaient engagés à transférer 100 milliards de dollars par an aux pays vulnérables pour les aider à faire face au dérèglement climatique, étant précisé que ces pays ne sont pas ceux qui contribuent le plus à ce phénomène. L'Afrique ne représente ainsi que 4 % des émissions de gaz à effet de serre. D'après un nouveau bilan de l'OCDE, malgré une augmentation globale de 4 % des financements depuis 2019, et de 40 % pour l'adaptation au changement climatique, il manque toujours plus de 16 milliards.

Je reviens également sur le Fonds vert pour le climat, instrument essentiel de l'accord de Paris car il est la principale source de financement pour la lutte contre les changements climatiques. Jusqu'à présent, ce fonds a financé 173 projets, représentant 8,4 milliards de dollars d'engagements qui ont permis de mobiliser globalement 30,3 milliards de financement, afin d'éviter l'émission de 1,8 milliard de tonnes de CO2. On peut s'en féliciter, mais nous avons besoin d'aller vraiment beaucoup plus loin.

Selon une récente étude de la Banque mondiale, 5 % des flux d'aide au développement sont détournés vers des comptes offshore abrités dans des paradis fiscaux. Disposons-nous à l'heure actuelle de statistiques permettant d'évaluer l'évaporation de certains crédits, y compris ceux alloués à la lutte contre le réchauffement climatique ? Quels mécanismes la France met-elle en place pour lutter contre ces détournements et comment pourrions-nous assurer un suivi plus précis de l'utilisation de cet argent ?

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