Monsieur le ministre délégué, je reviens à la charge. Tout à l'heure, je vous ai transmis le témoignage de Madeleine Riffaud, résistante, dont nous sommes les héritiers. À ma connaissance, vous ne lui avez pas répondu dans la presse – j'ignore si vous l'avez fait en privé. J'espère que vous le ferez aujourd'hui.
Il le faut, quand une voix comme la sienne s'élève pour déclarer : « Rendez-vous compte : je suis aveugle. Je sentais parfois qu'on emportait mon brancard […]. Il faisait plus froid, c'est tout ce que je peux dire. Et puis on m'a laissée là, sans aucune affaire », quand elle décrit la situation des autres personnes aux urgences et qu'elle conclut « Moi, j'ai de la chance, j'ai des amis, et des confrères journalistes. Mais tous ces pauvres gens qui n'ont personne, que peuvent-ils faire ? […] Si je peux être leur voix – comme Aubrac m'avait demandé d'être l'une de celles de la Résistance – alors je le serai. J'ai encore un peu de force, c'est pour la donner ! »
Avec un budget de la sécurité sociale dont l'augmentation est presque deux fois inférieure à l'inflation et qui va produire en série – c'est la violence, la grande violence de vos petits chiffres – des dizaines, des centaines, de milliers de situations comme celle qu'a connue Madeleine Riffaud, comment pouvez-vous vous estimer digne de cette histoire, dont vous êtes, par vos silences, les détricoteurs, les destructeurs. J'aimerais que vous répondiez à Madeleine Riffaud.