Nous vous épargnerons les concertations, dont vous ne voulez pas vraiment, sinon vous vous engageriez à ne pas utiliser le 49-3.
Mes collègues et moi-même avons rencontré les hospitaliers : les soignants sont à bout et les deux tiers d'entre eux risquent le burn-out. Ils partent. Je peux vous parler d'Emma, de l'hôpital Saint-Louis à Paris, qui, à 25 ans, était déjà l'une des plus vieilles du service trois mois après sa prise de fonction ; elle a mal au dos et consulte un psy. Ou de Stéphane à Limoges qui, lui, passe son temps à s'excuser auprès des patients car il n'a pas les moyens de faire correctement son travail. Le Canard enchaîné nous a appris, il y a deux jours, que des enfants franciliens – ils pourraient être les nôtres – étaient envoyés à 200 kilomètres de chez eux pour être soignés, faute de place dans les hôpitaux parisiens. Cet été, comme cela est tristement et souvent le cas, des patients ont attendu soixante-quinze heures sur des brancards, et, parfois, y sont morts. À Orléans, un médecin des urgences est venu pour me faire entendre un souffle, celui d'une dame qui était en train de mourir dans les couloirs : « nous n'aurions rien pu faire, mais si nous avions été assez nombreux, nous aurions au moins fait en sorte qu'elle meure dans une chambre, dignement et pas à la vue de tout le monde ; j'ai peur que cela devienne notre quotidien, monsieur le député ».
Cette réalité, vous la connaissez, monsieur le ministre, mais vous continuez. Voici ce que vous avez signé, en 2019 : « Un plan Macron pour les urgences s'impose, pour que les urgentistes ne soient plus les funambules d'un système de soins abandonnique, pour que l'hôpital public retrouve sa place en tant que pilier de la République. L'avant-garde de l'hôpital et souvent du système de soins vous alerte sur cette nécessité historique. L'hôpital public brûle à petit feu, les soignants sont sacrifiés sur l'autel d'une finance aveuglée par l'activité et une tarification désuète. » Aujourd'hui, par la force, grâce au 49.3, vous vous apprêtez à poursuivre la destruction de l'hôpital, celui-là même que vous appeliez « un pilier de la République ».