Chapeau ! Pourquoi ne pas y avoir pensé avant ? Vous nous bercez d'illusions et vous vous arrangez avec le réel ! Dans une opération arithmétique trompeuse, vous divisez les dépenses liées à l'épidémie de covid-19 par onze : belle ambition pour la lutte contre ce fléau !
Mais vous oubliez les besoins liés aux soins différés. Le covid a interrompu de nombreux parcours de soins : un million d'interventions chirurgicales ont été déprogrammées et leur rattrapage est toujours en cours. Alors que la crise a fragilisé notre système de santé, vous imaginez que les besoins de santé vont diminuer…
Premier arrangement avec le réel, il y a deux crises pour un seul budget, et non l'inverse. D'une part, la crise liée au covid-19, qui se poursuivra plus longtemps que vous le dites. D'autre part, la crise de tout le reste, qui va continuer à prendre de l'ampleur.
Le deuxième arrangement avec le réel concerne les prévisions du Gouvernement. Le PLFSS pour 2023 surestime la croissance en se fondant sur un taux de 1 % alors que le Haut Conseil des finances publiques évoque un taux maximum de 0,6 %. À l'inverse, le Gouvernement sous-estime l'inflation en l'évaluant à 4,3 % tandis que les prix augmentent de 6 % à 7 % et que les tarifs de l'énergie flambent. Les dépenses de santé affichaient déjà une augmentation tendancielle de 4,5 % avant 2019. Rappelons, par ailleurs, que le plafonnement de l'Ondam à 2,5 % pendant dix ans a précipité la fermeture de lits et de services dans les hôpitaux publics, conduit à augmenter la cadence de travail des soignants jusqu'à l'insupportable et nourri la désertification médicale, projetant notre système de santé dans des affres qui exigent aujourd'hui un grand plan de rattrapage.