L'Assemblée nationale a rejeté il y a peu de temps le projet de loi de programmation des finances publiques pour les années 2023 à 2027. On nous a prédit que les conséquences de ce rejet seraient graves : il pourrait se traduire en effet par le report du versement des fonds européens, voire par la réduction de nos financements. Notre groupe ne partage pas cette analyse et encourage le Gouvernement à ne pas subir la situation. Malgré le rejet du texte, il est évidemment possible d'engager dès maintenant des discussions sereines avec la Commission européenne.
Au-delà des questions purement budgétaires, l'Union européenne est en première ligne face aux défis de notre monde, incertain et dangereux. Nous voulons un budget européen à la hauteur des enjeux de demain en matière de sécurité, de transition énergétique et de stabilité économique et financière.
Depuis des mois, la guerre est à nos portes et nous oblige à trouver des réponses adaptées. Nous approuvons la hausse des crédits alloués à la sécurité et la défense. La démarche engagée par la PFUE doit se poursuivre afin de construire une Europe plus souveraine, plus forte et capable d'agir en matière de sécurité et de défense. Sur le dossier ukrainien, nous saluons l'approfondissement de nos dispositifs d'aide à la population ukrainienne et à son armée, mais la porte des négociations diplomatiques doit toujours rester ouverte.
Tel un électrochoc, la guerre en Ukraine a révélé nos fragilités dans le domaine énergétique. Elle doit donc nous inciter à renforcer nos politiques en faveur des énergies renouvelables, qui sont la clé de notre indépendance et de notre maîtrise des coûts. C'est la raison pour laquelle nous approuvons la hausse, même légère, des budgets consacrés aux politiques environnementales. Par ailleurs, grâce aux fonds versés au titre du plan de relance européen, nous avons maintenu nos investissements dans la rénovation énergétique des bâtiments.
Dans l'immédiat, nous faisons cependant face à une crise grave, qui fait exploser l'inflation, laquelle pèse durement sur nos concitoyens et sur nos entreprises. Hier, la Commission européenne a annoncé son intention de proposer aux États membres des achats de gaz groupés, ainsi qu'un mécanisme de plafonnement des prix. Pour lutter contre les effets de l'inflation, elle propose également d'utiliser jusqu'à 10 % des fonds de la politique de cohésion de l'Union pour des aides en faveur des TPE-PME et des ménages les plus vulnérables. Nous encourageons l'exécutif à soutenir ces propositions.
Face à la montée de l'euroscepticisme, le budget européen doit favoriser l'émergence d'une Europe des citoyens. Les politiques en faveur de l'unité européenne, de nos valeurs communes, de notre souveraineté économique, de l'innovation, de la cohésion des territoires, de la santé et de la jeunesse contribueront à renforcer demain l'adhésion citoyenne à l'Union européenne. Nous n'avons cessé de le dire et je le souligne de nouveau en tant que député de la Corse : l'Union européenne ne pourra durablement prospérer si elle conserve une approche technocratique, dans une tension permanente entre guerre économique et désescalade fiscale et sociale. Notre devoir est de donner une âme à l'Union européenne et de la rapprocher des citoyens, de leur culture et de leurs préoccupations quotidiennes et concrètes. Oui, notre devoir est de donner une âme à l'Union européenne ! Le chantier est ouvert.