Intervention de Éric Ducournau

Réunion du mercredi 29 mai 2024 à 15h30
Commission d'enquête sur le montage juridique et financier du projet d'autoroute a

Éric Ducournau, directeur général du groupe Pierre Fabre :

Tout d'abord, concernant l'intérêt du projet, nous sommes d'accord avec madame la rapporteure, l'entreprise n'a jamais caché l'importance du désenclavement du Tarn. Ce désenclavement est essentiel pour le développement économique du département, notamment pour les salariés. Il est donc crucial que cette autoroute soit construite, ou du moins que des voies de désenclavement soient mises en place. C'était à l'État de choisir la méthode, et le projet autoroutier a été retenu.

En ce qui concerne ce que vous appelez le lobbying acharné, j'ai rappelé des faits avec des dates et des lieux, tous vérifiables et publics. Sur le développement de l'entreprise, vous avez raison de noter sa croissance. Cependant, en comparant notre développement à celui d'autres entreprises de dermocosmétiques ou de médicaments créées dans les années 1960, comme celle de monsieur Fabre, nous constatons un différentiel de croissance d'environ 5 % par an sur soixante ans, soit 300 %. L'entreprise aurait pu atteindre une taille différente si elle avait été située à Paris ou à Toulouse, mais ce n'était pas le choix de monsieur Fabre. Sur la participation à Tarn Sud Développement, je précise que l'entreprise n'a pas investi 8,6 millions d'euros. Vous confondez le capital total de la société Tarn Sud avec notre participation, qui s'y élève précisément à un peu plus de 5 millions d'euros, soit environ 58 % du capital. Vous avez entendu les autres actionnaires de Tarn Sud Développement et avez eu accès aux montants des participations. Je répète, notre participation est de 5 millions d'euros, représentant 1,25 % de notre investissement annuel.

Enfin, par rapport à la durée de la concession, les actionnaires engagés dans Tarn Sud Développement se sont engagés pour une durée de cinquante-cinq ans. Je ne parle pas de moi en faisant cette remarque, mais des autres actionnaires. Leur moyenne d'âge est de soixante-cinq ans, ce qui signifie qu'ils auront cent vingt ans lorsqu'ils sortiront du capital. Je crois, comme vous, en l'avenir de la science, mais je tiens à souligner ce point.

Le courrier adressé à monsieur Clément Beaune, que je voulais évoquer précédemment, date d'octobre 2023. J'ai même proposé à madame la rapporteure de le lui transmettre. Ce courrier n'est pas public pour deux raisons, ni son auteur ni son destinataire ne l'ont souhaité. Toutefois, vous savez qu'il existe huit copies envoyées à plusieurs élus locaux ou personnalités publiques. J'imagine que lorsque huit copies circulent, beaucoup plus de personnes sont informées que simplement l'auteur et le récipiendaire du courrier.

En ce qui concerne le capital d'Atosca, nous ne sommes pas directement impliqués dans celui-ci. Nous sommes effectivement dans le capital de Tarn Sud Développement, et je pense que la question est claire.

Enfin, concernant la raison de cette participation, notamment l'implication sur les emplois locaux et les enjeux environnementaux, cela vous a été rappelé en commission par mes confrères et collègues chefs d'entreprise qui participent également à Tarn Sud Développement. Cette motivation a été partagée par tous pour entrer dans le capital de cette société. Comme l'a rappelé monsieur Gerlinger, la compensation environnementale intervient plutôt en fin de chantier, pour les raisons qu'il a évoquées. Par conséquent, son contrôle n'est pas possible à ce stade. Concernant les emplois locaux, la situation est similaire. Un haut fonctionnaire, chargé du développement économique autour du projet, dont le bureau est situé à Albi, a été auditionné. Nous sommes, par l'intermédiaire de Tarn Sud Développement, en relation avec cette personne, mais nous veillerons à ce que les objectifs environnementaux et d'emplois locaux soient respectés. En ce qui concerne les coupes d'arbres, je tiens à souligner que le respect de la loi doit primer en toutes circonstances. L'entreprise, tout comme Tarn Sud Développement, n'est pas en charge de contrôler le respect des autorisations environnementales ni la conformité du chantier, ces responsabilités incombant à l'État. Nous regretterions tout acte contraire à la loi.

Pour ce qui est du désenclavement, je rappelle qu'une loi votée en 1995 stipule qu'« en 2015, aucune partie du territoire métropolitain de la République ne doit être distante de plus de 50 kilomètres ou 45 minutes de trajet d'une autoroute, d'une voie rapide ou d'une gare TGV ». Cette définition du désenclavement est claire dans la loi. Bien que je ne sois pas législateur, il est évident que la notion de désenclavement a été formellement évoquée dans ce texte législatif.

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