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Intervention de David Bertrand

Réunion du jeudi 30 mai 2024 à 9h30
Commission d'enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité

David Bertrand, co-président de l'association des directeur :

Nous identifions des signaux faibles dans tous les corps de métiers et collaborons avec les deux principales associations d'acteurs en France, à savoir l'ADA et l'AAFA. Ces associations possèdent des pôles dédiés au harcèlement, aux agressions et aux viols, chargés de recueillir des témoignages. Dès que plusieurs témoignages convergent à propos d'une personne, ils nous en informent. La difficulté réside dans le fait que nous ne disposons pas d'outils pour communiquer ces informations, car nous n'avons pas le droit de rendre justice nous-mêmes sans preuve. Cependant, comme nous l'apprenons en formation VHSS, nous pouvons mener des enquêtes de rumeur, c'est-à-dire vérifier auprès des personnes concernées ce qui se passe. Nous apprenons à repérer ces signaux faibles grâce aux formations, et j'espère qu'aujourd'hui tout le monde est capable de les identifier. Ces signaux peuvent être de petits détails, parfois de simples pressions, comme l'abus de pouvoir inhérent à ce genre de situation. Par exemple, proposer un rôle en échange de faveurs, ce qui se produit malheureusement dans tous les domaines. Nous suivons ces petits signaux dès le départ et avertissons les associations concernées. Cela nous permet parfois d'obtenir des résultats concrets. Nous sommes ainsi amenés, par exemple, à écrire nous-mêmes et à utiliser l'article 40 du code de procédure pénale pour envoyer des signalements à la DRIEETS ou au procureur de la République. Nous menons nos enquêtes, mais nous manquons d'un outil pour communiquer entre nous et prévenir que quelqu'un dans ce milieu présente des signaux faibles, même s'il n'a encore rien fait. Or ces signaux faibles se confirment généralement.

Dans le cas de l'Arda, certaines personnes présentent des signaux faibles qui nous incitent à rester en communication avec nos partenaires, comme le SFAAL, l'ADA, l'AAFA et le collectif 50/50. Dans le cas de personnes qui ont rejoint l'Arda il y a longtemps et qui, en chemin, ont pu dévier ou faire l'objet d'enquêtes, nous leur demandons de partir. Les statuts de l'association précisent clairement que l'on peut être radié pour diverses raisons. Nous pouvons vous communiquer ces statuts. Dès que plusieurs acteurs ou actrices nous signalent qu'ils ne participent plus à certains castings, nous devons nous poser des questions et agir rapidement. La foi en ce que nous faisons de bien est notre seul cadre car, en général, tout se passe bien. Cependant, il existe des cas à éviter. C'est justement pour prévenir ces situations que nous avons sollicité notre participation à cette commission. Nous avons en effet besoin d'un cadre légal et juridique pour empêcher les rares déviations qui rendent la situation intenable.

Par ailleurs, les problèmes systémiques vis-à-vis des femmes ne relèvent pas du casting ni du cinéma. Ils sont profondément ancrés dans nos sociétés et résistent encore aujourd'hui au mouvement de parole des femmes. Remettre en cause nos structures politiques et sociales est un acte féministe et politique. Nous parlons de notre métier car nous avons une parole publique grâce à certains acteurs et actrices. Cependant, un travail profond doit être mené dans toute la société, en commençant par les familles. La culture du viol existe et imprègne tous les domaines de compétence de notre pays et probablement de la planète entière.

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