Pour comprendre l'histoire du casting en France, il est essentiel de commencer par évoquer une pionnière, Margot Capelier, surnommée la reine du casting. Elle a révélé de nombreux talents, dont Isabelle Huppert et Juliette Binoche. On faisait appel à son regard pertinent, à sa curiosité et à son amour des comédiens, trois qualités essentielles pour notre métier. Dès 1966, elle a travaillé sur des films comme La Grande Vadrouille de Gérard Oury. Son nom est officiellement associé au métier de casting dans des génériques de films tels que Trois couleurs de Krysztof Kieslowski en 1993 et La Reine Margot de Patrice Chéreau. De nombreuses directrices de casting actuelles ont été ses assistantes, car c'est la seule formation établie pour exercer ce métier. Le 25 octobre 2001, Stéphane Foenkinos, alors directeur de casting, a déposé en préfecture les premiers statuts de l'Association française des responsables de distribution artistique (Arda) et neuf membres fondateurs ont posé les bases de cette association pour revendiquer un statut à part entière dans le cinéma français, à une époque où cette profession n'était reconnue dans aucune convention collective. Une première charte a vu le jour pour respecter une déontologie nécessaire à leur fonction. Le 19 janvier 2012, nous sommes enfin apparus dans la convention collective nationale de la production cinématographique en tant que cadres premiers assistants à la distribution des rôles, ce que nous sommes encore aujourd'hui. Dans cette convention, nous sommes définis en fonction du scénario et en collaboration avec le producteur et le réalisateur. Nous sommes chargés de rechercher et de proposer des interprètes correspondant aux différents rôles. À ce titre, nous déterminons avec la production les moyens techniques et humains nécessaires à l'accomplissement de nos missions et pouvons être engagés pour des études préalables. L'Arda se propose aujourd'hui de définir et de promouvoir le métier de directeur de casting en France afin de défendre et d'améliorer les conditions techniques, artistiques et déontologiques dans lesquelles nous exerçons nos compétences.
Ce lundi 27 mai, sous l'impulsion de Judith Godrèche et suite aux récentes révélations concernant le casting de mineurs dans certains films, l'association a adopté, lors de son assemblée générale annuelle, une seconde charte déontologique spécifique au casting de mineurs. Votée à l'unanimité des membres présents, elle impose désormais une formation aux violences et harcèlement sexuels et sexistes (VHSS) pour devenir ou rester adhérent. Lors d'une première rencontre avec la délégation générale du Centre national du cinéma et de l'image animée (CNC), nous avons discuté de l'élaboration d'un cahier des charges pour la mise en œuvre d'une formation. Cette dernière permettrait de réfléchir à la validation d'une certification de qualification professionnelle (CQP) ou des compétences acquises. L'une des réflexions porte sur la commission paritaire nationale emploi et formation (CPNEF) de l'audiovisuel, qui pourrait gérer cette formation sur la base d'un corpus commun, en s'appuyant sur les fiches métiers disponibles sur le site de cette commission. Par ailleurs, un groupe de travail au sein de l'association, en collaboration avec les syndicats, élabore notre demande d'intégration dans la convention collective en tant que directeurs et directrices de casting. Cette définition a été obtenue au sein de l'Académie des arts et des techniques du cinéma et de l'Académie César, et la branche direction de casting est effective à partir de cette année. Afin que cette profession obtienne un cadre définitif et soit reconnue pour ses qualifications professionnelles, tant artistiques que techniques, en tant que chefs de poste à part entière dans les conventions collectives, nous sollicitons aujourd'hui, par votre intermédiaire, un échange avec les ministères du travail et de la culture.