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Intervention de Paloma Garcia Martens

Réunion du jeudi 30 mai 2024 à 9h30
Commission d'enquête relative aux violences commises dans les secteurs du cinéma, de l'audiovisuel, du spectacle vivant, de la mode et de la publicité

Paloma Garcia Martens, coordinatrice d'intimité :

Je suis convaincue que la carotte est préférable au bâton. En effet, il serait pertinent d'imposer une obligation pour les scènes de sexe simulé, avec une forte présence de nudité. Cependant, si nous commençons à imposer notre présence sur les plateaux alors que tout le monde est déjà à bout, nous risquons de saboter notre travail. Personne ne voudra nous fournir les informations nécessaires. Il s'agit plutôt d'apporter une aide lors des scènes d'intimité. L'obligation devrait se situer en amont, avec une lecture de scénario par un coordinateur ou une coordinatrice d'intimité, qui pourrait ensuite identifier les passages nécessitant un accord préalable.

Récemment, j'ai travaillé sur un projet comportant des scènes avec des figurantes dans une maison close à la fin du XIXe siècle. Bien que ces figurantes soient habituées à travailler avec la nudité, il était tout de même utile de définir un cadre. Le lendemain, nous avons travaillé avec une comédienne dans une équipe très réduite. Elle était très à l'aise et, finalement, il y a eu moins de nudité que prévu. Ma présence sur le tournage n'était pas indispensable. En revanche, en amont, j'ai discuté avec l'équipe costume et le metteur en scène pour proposer plusieurs options. Une scène s'est même tournée sans moi, mais tous les outils étaient en place et j'avais parlé avec la comédienne pour clarifier les choses.

Je ne souhaite pas que nous nous tirions une balle dans le pied dans une industrie déjà très réticente à notre venue. Cependant, des recommandations, des financements ou des incitations seraient bénéfiques. Il serait toutefois pertinent de fixer un seuil pour la sexualité simulée explicite. Définir ce qu'est une scène explicite, c'est-à-dire si des parties intimes apparaissent à l'écran, pourrait justifier notre présence. Cela ne concerne pas seulement le confort et le bien-être des comédiens et comédiennes, mais aussi le consentement de l'équipe technique. Il se peut que les comédiens et comédiennes travaillent ensemble depuis vingt ans et que le fait de tourner une séquence d'agression sexuelle simulée leur semble anodin, mais, pour une équipe technique, subir pendant trois heures des hurlements et observer cette violence répétée est énorme. Il est donc essentiel de prévoir un accompagnement à ce niveau, de savoir précisément ce qui est tourné, à quel moment, et ce qui est prévu au découpage. Cela permet à chacun de prendre soin de soi dans ce contexte. Il ne s'agit pas seulement des limites et des besoins des comédiens et comédiennes, mais aussi de l'impact de ce type de séquence sur une équipe technique présente sur le plateau. Par exemple, la femme à la perche, située à deux centimètres des hurlements ou même de la nudité, est directement concernée. Parfois, je dois rappeler aux comédiens et comédiennes de se rhabiller entre les prises. Ils peuvent répondre qu'ils sont très à l'aise, ce qui est compréhensible. Cependant, il est important de rappeler que nous sommes sur un lieu de travail. Bien que l'absence de pudeur puisse être positive, il faut considérer que des personnes qui travaillent n'ont pas nécessairement envie de voir une poitrine exposée. Il est donc crucial de repositionner le curseur et de maintenir un cadre respectueux pour tous.

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