Notre métier n'est pas reconnu dans la convention collective. Lorsque nous sommes sollicitées, c'est souvent par la production et nous avons le statut de conseillers techniques à la mise en scène. Nous intervenons uniquement pour les scènes spécifiques, bien que nous soyons parfois consultées au préalable sur le scénario et les scènes en question. En ce qui me concerne, on me fournit les scènes et on me demande de les analyser. Mon rôle consiste à identifier les moments qui n'ont pas été suffisamment étudiés. Par exemple, des scènes impliquant des contacts physiques, comme embrasser un enfant, ne sont pas toujours considérées comme relevant de l'intimité. Je mets ces éléments en exergue. Je rencontre ensuite la production et le réalisateur. Selon les moyens de la production, nous discutons longuement de notre rémunération, ce qui peut ressembler à une négociation commerciale. Par la suite, je suis présente uniquement lorsque la préparation de la scène nécessite une chorégraphie que nous élaborons avec les comédiens. Nous travaillons en laboratoire sur la manière de réaliser la scène. Il ne nous appartient pas de dicter la manière de jouer la scène, mais nous proposons des exercices qui permettent aux comédiens de découvrir par eux-mêmes des techniques et des ressorts pour ces scènes. Enfin, je suis présente le jour du tournage de la scène, généralement en retrait.
Je sais que notre position est délicate et parfois mal perçue. Je me présente donc toujours en amont pour que l'on sache que je ne suis pas une pièce rapportée. Je me définis comme un filet de sécurité, intervenant uniquement en cas de problème. Ce n'est pas à moi d'interrompre les scènes, mais aux comédiens de signaler un souci, qu'il s'agisse d'une pause nécessaire pour respirer, boire un verre, rediscuter la scène ou en raison d'un geste non conforme aux protocoles établis. J'ai également demandé à être présente lors des montages. Certains réalisateurs ont accepté, mais je n'étais pas rémunérée pour cela, c'était presque à titre amical. En revanche, pour les grosses productions sur lesquelles j'ai travaillé, on m'a simplement refusé l'accès, estimant que je n'avais pas à intervenir.