Notre organisation fonctionne bien. Quand la France réussit, il est important de le faire savoir et d'exporter ses modèles. Cela ne signifie pas que les pays qui seront dotés de ce type d'infrastructures seront en mesure de nous concurrencer directement. Cela leur permettra simplement de gérer et de structurer leurs filières alimentaires comme nous le faisons nous-mêmes.
Comment ces collaborations se nouent-elles ? La plupart du temps, des délégations étrangères viennent en France et, sur le conseil des chambres de commerce ou du ministère, visitent le marché de Rungis. Elles en sont généralement impressionnées et reconnaissent que leur pays ne possède rien de tel. Nous leur proposons alors de les aider à se doter d'une organisation similaire.
La souveraineté alimentaire justifierait-elle de ne pas accompagner nos collègues étrangers qui souhaitent développer une infrastructure équivalente à la nôtre ? Je ne le crois pas. Il est normal, par exemple, qu'ADP exporte son savoir-faire en Turquie ou ailleurs.
Il me semble essentiel de promouvoir notre modèle de marché de gros, qui offre un confort aux autorités publiques et valorise sans doute mieux qu'ailleurs les terroirs français. Une centaine d'IGP, tels l'agneau de pré salé, le cresson de Méréville, le bleu de Termignon, auraient disparu si elles n'avaient pas été valorisées par le MIN de Rungis. Notre modèle et notre réseau les protègent. Souvent, un lien très fort unit l'agriculteur à son commissionnaire, son concessionnaire ou son grossiste ; leur relation ne se résume pas à une question d'argent. Rungis est indispensable aux secteurs des fruits et légumes, du fromage, du poisson et de la viande fraîche ; plus généralement, il est indispensable à la souveraineté alimentaire française.