J'ai beaucoup discuté avec mon prédécesseur – qui est malheureusement décédé la semaine dernière. Nous étions très proches et partagions la même compréhension du système.
Rungis est saturé, le taux d'occupation du marché excédant 98 %. Les 1 200 grossistes concessionnaires, qui sont les fournisseurs du MIN et les clients de la SEMMARIS, sont en concurrence pour revendre quotidiennement leurs produits à près de 25 000 clients. Comme toutes les sociétés gestionnaires de ce type de marché – c'est une caractéristique du système –, la SEMMARIS n'est pas en mesure de décider ce que l'on achète et ce que l'on n'achète pas.
Toutefois, conformément à notre conception de la gestion publique, nous nous sommes efforcés d'orienter les nouvelles entreprises qui arrivent à Rungis. Ainsi, lorsque la demande était au bio, nous avons créé le pavillon du bio, qui a constitué la première halle d'Europe dédiée à ce type de produits. Nous avons également développé l'offre de produits gastronomiques. À chaque fois que c'est possible, nous apportons notre concours. Ainsi, nous avons offert aux producteurs de viande française et au carreau des producteurs d'Île-de-France des surfaces supplémentaires et des outils adaptés à leurs besoins.
L'offre française s'est nettement améliorée depuis les années 2010. Pour poursuivre dans cette voie, nous construisons un référentiel avec l'Afnor (Association française de normalisation) afin de noter les produits en fonction de leur impact sur l'environnement, de l'origine des émissions de carbone, etc. J'ai décidé de favoriser, parmi les entreprises qui souhaitent s'installer à Rungis, celles qui respectent des critères d'origine, de qualité et de transport des produits, mais aussi de durabilité et de décarbonation des modes de production. Cette mesure est en train d'être mise en œuvre. Pour autant, nous ne disposons pas d'un outil qui permettrait d'interdire à une entreprise, fût-elle étrangère, de s'installer sur le marché de gros.