Les surtranspositions auxquelles vous faites référence pourraient être assimilées aux politiques volontaristes de certaines collectivités territoriales qui décident d'agir au-delà de ce que la loi leur impose, notamment en matière de santé publique : ces politiques peuvent être justifiées par des considérations sanitaires, notamment dans le domaine de l'utilisation des pesticides ou des farines animales. C'est d'ailleurs le rôle du politique que de choisir de protéger la population, même quand la loi permet certaines pratiques.
Vous avez indiqué vous inscrire dans une logique ricardienne, en vertu de laquelle le prix du produit n'est pas lié à l'équilibre entre offre et demande, mais au coût de production. À ce titre, le modèle de développement promu par les PAC successives – dont nul ne nie qu'elles ont permis de nourrir nos concitoyens et d'améliorer le niveau de vie de certains agriculteurs –, qui consiste à utiliser certains fertilisants et pesticides de manière intensive pour garantir la productivité, vous paraît-il soutenable sur le long terme ? Je songe notamment à l'appauvrissement des sols qu'il induit et aux relations de dépendance qu'il nous conduit à établir avec les pays dont nous importons les matières premières nécessaires à la fabrication desdits fertilisants.
Vous avez aussi évoqué les conditions de travail qui prévalent dans les pays avec lesquels nous entretenons des relations commerciales. Vous paraîtrait-il pertinent, nécessaire et utile d'instituer un revenu minimum garanti pour les paysans ? Plusieurs études montrent qu'ils ne parviennent pas à vivre de leur travail, ce qui a des conséquences sociales parfois terribles.