Je ne suis pas très éloigné de Pascal Lamy, ce n'est pas un secret. Il était le directeur de cabinet de Jacques Delors quand je faisais partie de ce cabinet et nous sommes restés assez proches. Nous ne sommes pas forcément d'accord sur tout et nous n'avons pas exactement la même sensibilité politique aujourd'hui. La théorie des avantages comparatifs de Ricardo fonctionne, mais, dans le domaine dont nous parlons, avec des nuances. En agriculture, la sécurité d'approvisionnement est importante. Je ne suis donc pas du tout contre l'autosuffisance. Je dis simplement qu'un cumul des autosuffisances partout amènerait à l'autarcie, qui induit un certain manque d'efficacité.
Cela dit, il n'y a pas de raison que la France, un pays agricole qui devrait être compétitif partout, ne soit pas autosuffisante pour presque tous les produits. L'exception, ce sont les sources de protéines comme les tourteaux de soja. Si notre niveau d'autosuffisance a baissé en fruits et légumes tempérés ou en volaille, c'est lié à des problèmes de compétitivité et, à mon avis, à des erreurs. Il faudrait pouvoir redresser la situation, mais ce n'est pas simple.