M. le président, je vous prie de pardonner mon retard. J'étais en commission des lois pour défendre une mise à jour d'une loi visant à reconnaître Mayotte comme département français, une loi initialement rédigée par Aimé Césaire.
En 2024, l'inertie n'est plus envisageable concernant Mayotte. La situation internationale nous impose de reconsidérer le conflit et les revendications des Comores à l'égard de Mayotte. Cette pression s'est intensifiée, avec un soutien ouvert de la Russie, de la Chine et de l'Azerbaïdjan, qui sont passés des déclarations à une ingérence active et à une déstabilisation à Mayotte. Notre commission ne peut ignorer cette évolution et doit intégrer cette nouvelle donne internationale dans la mise à jour de la position du Quai d'Orsay concernant Mayotte.
Nous ne sommes plus à l'époque de la guerre froide, période durant laquelle les Comores ont obtenu leur indépendance. Nous évoluons désormais dans un monde nouveau. Le Quai d'Orsay défend la position d'accommodement et il amadoue. Il y a quelques mois, je me suis rendue à New York pour discuter avec notre représentant permanent aux Nations Unies : celui-ci m'y a expliqué qu'il existait un gentlemen's agreement entre la France et les Comores, des relations tout à fait cordiales entre nos deux pays et que, finalement, le Quai d'Orsay se satisfaisait du fait que les Comores n'allaient plus proposer de résolution pour réclamer Mayotte à l'Assemblée générale. J'ai exprimé notre souhait, en tant qu'élus mahorais, de défendre la Mayotte française à l'Assemblée générale, auprès de la communauté internationale. Au fur et à mesure que l'influence de la France décline, nous, à Mayotte, sommes de plus en plus attaqués.
Il n'est pas envisageable de continuer à maintenir ce discours en affirmant que, en durcissant le ton vis-à-vis des Comores, nous ne pourrons plus procéder aux reconduites à la frontière. J'ai déjà démontré, chiffres à l'appui, que depuis l'accord de coopération entre la France et les Comores en 2019, le nombre de reconduites à la frontière a diminué. Les centaines de millions d'euros investis pour financer le développement des Comores ont été détournés par les dirigeants, puisque les Comores figurent parmi les pays les plus corrompus au monde.
Les présentations de nos collègues et des experts ont montré que non seulement il n'existe aucune base juridique pour défendre une souveraineté hypothétique des Comores sur Mayotte mais que cela va également à l'encontre de la volonté exprimée démocratiquement à de multiples reprises par nous, Mahorais, vos compatriotes. Ce discours prônant une cogestion est inacceptable. En 2017, une proposition de cogestion a été émise et la population de Mayotte est massivement descendue dans la rue pour rejeter toute idée de cogestion et de cohabitation avec les Comores. Cela n'a jamais été notre choix et ne le sera jamais ! Nous préférons mourir Français que de devenir Comoriens.