Les choix politiques actuels du Gouvernement réduisent les enjeux de Mayotte à une simple question sécuritaire et xénophobe. Ils renforcent et multiplient les autorisations spéciales dans ce département où près de la moitié des habitants est considérée comme étrangère. Ces mesures sont vivement critiquées par les collectifs de citoyens, qui dénoncent le visa territorialisé et la tentative de suppression du droit du sol dans la Constitution. Elles isolent Mayotte du reste de la République. Le Gouvernement attise les tensions au lieu de répondre concrètement aux besoins d'une population qui avait décidé de faire confiance à la France lors du référendum de 1974.
Les récentes mobilisations des Mahorais révèlent un ras-le-bol ambiant : un ras-le-bol général des inégalités insupportables, ras-le-bol de la saturation totale des services publics, mais surtout ras-le-bol de la trahison de la France, qui traite toujours les territoires d'outre-mer comme des colonies à exploiter sans garantir une égalité d'accès aux droits.
Est-il normal qu'en 2023, plus de 15 000 enfants n'aient pas accès à une scolarité classique à Mayotte en raison de la saturation des écoles ? Est-il normal que des crises récurrentes de l'eau potable persistent à Mayotte ? Est-il normal que la population mahoraise soit exposée à des risques sanitaires accrus ? Comme le souligne Françoise Vergès, la décolonisation n'a pas mis fin au colonialisme. Pourquoi cela se passe-t-il dans la plus grande indifférence ? Parce que Mayotte est majoritairement composée de personnes noires et musulmanes. L'État français, dans son islamophobie systémique et sa négrophobie historique, traite toujours les personnes racisées comme des citoyens de seconde zone, de Paris à Mamoudzou.