Puisque nous sommes là pour trouver des solutions, nous pourrions peut-être nous inspirer des chartes d'engagement que nous avions signées avec la FEEF – Fédération des entreprises et entrepreneurs de France – pour mener une politique de différenciation – Procter & Gamble ne peut en effet être comparé à la PME du coin. Nous avons pris des engagements – référencement des innovations, clôture anticipée des négociations, travail en flux poussé quand il n'y a pas de force de vente, etc. Un choix politique a été fait, toutes les enseignes ont été convoquées à Bercy, et quand l'un commençait, les autres suivaient ; c'est ainsi que la dynamique a été lancée.
On pourrait très bien penser que, pour concurrencer des produits sur lesquels nous ne sommes pas compétitifs, il n'y a pas de solution : la tomate grappe espagnole sera toujours moins chère. Que les enseignes au service du pouvoir d'achat, mais aussi du soutien des filières, fassent ce que nous sommes en train de faire : retenir chaque semaine trois produits pour lesquels nous faisons le choix d'être à zéro – en accord avec les agriculteurs, afin de ne pas mettre en danger leur rémunération.
Lors de la crise sanitaire, tous les dimanches matin, Christiane Lambert m'appelait pour me signaler un problème sur la filière noix ou la filière fleurs. Je peux vous assurer que nous avons joué le jeu, parce que nous avions le sens des responsabilités. Il serait bon de remettre à l'ordre du jour l'union sacrée qui régnait à l'époque, en rappelant que nous avons une responsabilité en matière de souveraineté alimentaire.
Si nous nous livrons à une guerre des prix, la situation n'évoluera pas. Des dirigeants responsables devraient être capables de s'engager sur des propositions qui, si elles sont identiques pour tous les distributeurs, ne créeront pas d'écarts de compétitivité. Il faut y réfléchir parce que vous ne pouvez pas gommer en six mois l'écart de compétitivité de l'agriculture française dans certaines filières. Il faudrait mettre sur la table les bonnes pratiques des uns et des autres, et convenir pour 2025 d'une charte de bonnes pratiques avec les acteurs agricoles, notamment la FNSEA. Cela aiderait à écouler les produits au meilleur prix pour eux, tout en étant au service du consommateur.