Les chiffres que je vous ai donnés ne tenant pas compte des achats locaux, nous sommes probablement plus proches que cela de nos confrères en ce qui concerne l'approvisionnement global en produits français. Le rayon des fruits et légumes, placé en entrée de magasin, est stratégique. Il peut drainer la clientèle, à condition de parvenir à concilier la qualité – et donc l'approvisionnement français – et le prix. Or l'écart de compétitivité avec l'Espagne peut être flagrant, en pleine saison, par exemple pour la tomate grappe ou la fraise.
Vous avez raison, on a une part de responsabilité, mais il faut prendre en considération la volonté de développer, ou non, le pôle végétal – choix que nous avons fait. Le secteur végétal fait partie de notre cinquième pôle d'activité, qui est assez récent et que nous allons promouvoir, ce qui peut contribuer à rassurer le monde de la production arboricole. Nos autres pôles comprennent la filière de la marée, également déficitaire mais importante pour notre image, la filière carnée, essentielle car nous employons 3 000 salariés et exploitons sept abattoirs – ce qui fait de nous l'un des groupes les plus importants après Bigard –, le pôle saveurs et le pôle circulaire.
S'il est un pôle stratégique, sur lequel nous allons donc engager des moyens, c'est bien le pôle végétal, et c'est ce qui nous a poussés à racheter St Mamet. Nous avons hésité au moment de le faire, en 2022 parce que l'entreprise sortait d'un LBO – leveraged buy-out, ou rachat avec effet de levier –, et finalement, nous l'avons fait. Plus de cent producteurs sont partenaires de l'usine : si elle avait dû fermer, ils auraient eu du mal à écouler leur production. L'enjeu pour nous, c'était que nos confrères jouent le jeu et qu'ils ne cessent pas d'acheter des produits de cette marque nationale sous prétexte que l'usine passait aux mains d'Intermarché. Un de nos concurrents a fait le choix de déréférencer St Mamet, mais nous espérons que les distributeurs prendront leurs responsabilités car si nous n'écoulons pas les fruits au sirop St Mamet, ce sont des agriculteurs qui vont se retrouver en difficulté.
Je peux vous assurer que nous allons investir sur le pôle végétal dans les dix ans à venir : c'est dans notre plan stratégique.