La souveraineté alimentaire répond à une fonction nourricière : il s'agit de pouvoir nourrir l'ensemble de nos concitoyens, et de nourrir même au-delà de notre propre pays. Nous avons eu raison de défendre la montée en gamme, car elle permet de tirer vers le haut notre agriculture, les prix et, en fait, tout un modèle. Nous avons aussi besoin de produits d'entrée et de milieu de gamme, parce que nous devons avoir le souci des plus fragiles de nos concitoyens et que certains marchés doivent aussi pouvoir travailler avec ces produits.
Les objectifs que nous avons fixés, notamment pour la restauration collective, visaient toutefois à servir le plus grand nombre possible de nos concitoyens avec ces produits issus de la montée en gamme. La restauration collective est en effet celle qui touche chaque jour le plus grand nombre de personnes, que ce soit dans les hôpitaux, les écoles ou les restaurants d'entreprise. Il s'agissait ensuite de poursuivre ce travail avec la restauration commerciale pour améliorer la consommation à l'échelle sociétale, ce qui a d'ailleurs été le cas puisqu'à partir de cette période de 2017-2019 et plus ou moins jusqu'au covid, l'agriculture biologique a été portée très haut. Le label HVE (haute valeur environnementale), créé comme une contremarche à l'agriculture biologique pour donner à ceux qui souhaitaient s'y convertir le temps de progresser sur cette voie tout en bénéficiant d'un label dans lequel ils pouvaient se reconnaître, a connu un grand succès.
Il faut analyser cette politique de monté en gamme avec le regard de 2017-2018. À voir l'agriculture biologique, qui connaît aujourd'hui des difficultés plus grandes que jamais, on peut penser que certaines décisions n'auraient pas dû être prises. Mais nous ignorions alors l'existence du covid-19 et ne savions pas qu'une pandémie mondiale allait nous tomber dessus, et cette montée en gamme était indispensable pour tirer l'agriculture vers le haut et pour servir de modèle pour entraîner nos partenaires européens. Le Président de la République a d'ailleurs évoqué récemment un Egalim européen et nous verrons si nous sommes capables demain de mener un tel plan. Dès 2017, nous avions présenté notre démarche en ce sens au Conseil des ministres européen et à l'ensemble de la communauté européenne qui travaillait avec nous, à savoir les ambassades et représentations nationales de chacun des pays qui composent l'Europe. L'idée d'une montée en gamme plaisait à un grand nombre de nos partenaires européens ; je pense donc que ce choix était le bon, sans pour autant considérer que la montée en gamme était la seule chose qui importait, car il fallait traiter l'ensemble des modèles.