Intervention de Fabrice Lenglart

Réunion du mercredi 5 juin 2024 à 15h00
Commission d'enquête sur les difficultés d'accès aux soins à l'hôpital public

Fabrice Lenglart, directeur de la recherche, des études, de l'évaluation et de la statistique :

La problématique ville-hôpital est fondamentale et je me permets de vous renvoyer également à ce qu'a pu dire madame Marie Daudé sur le sujet. Il est indispensable de penser à l'organisation globale de l'offre de soins. De ce point de vue, il est indéniable qu'il faut analyser les choses ensemble.

Le premier exemple concerne les initiatives des pouvoirs publics pour améliorer l'accès aux soins primaires, notamment avec les services d'accès aux soins (SAS). Ces derniers visent à mieux orienter les patients et à éviter l'engorgement des urgences, en assurant, dans certains cas, l'accès aux soins par la médecine de ville.

Un autre exemple pertinent est lié à la question de la propension des patients à consulter la médecine de ville avant ou après leur passage aux urgences. La Drees a publié une étude à ce sujet en 2021 : basée sur les données de santé des personnes passées par les urgences en 2017, cette étude révèle que la grande majorité de ces patients n'ignorent pas la médecine de ville. En effet, la plupart d'entre eux ont consulté un médecin généraliste dans les douze mois précédant leur arrivée aux urgences. De plus, dans un grand nombre de cas, une consultation avec un médecin généraliste ou un spécialiste a lieu dans la semaine ou les deux semaines suivant le passage aux urgences. À ce titre, il ne faut pas considérer que l'engorgement des urgences est à mettre en perspective avec le fait que les patients ne consultent pas leur médecin de ville ou leur médecin traitant. Cette étude s'inscrit en faux contre cette idée. Par ailleurs, elle démontre que la consommation de soins de santé, notamment les consultations de médecins généralistes, est plus élevée chez les personnes ayant fréquenté les urgences en 2017 que chez celles qui ne les ont pas fréquentées. Je fournirai les références de cette étude, disponible en ligne, qui sont, à mon avis, assez éclairantes sur ce sujet.

Concernant l'accès des femmes à l'offre de soins, je n'ai pas en tête d'étude très détaillée sur ce thème. Cependant, l'Institut de recherche et documentation en économie de la santé (Irdes) travaille à l'élaboration d'indicateurs d'accessibilité pour les médecins généralistes et les sages-femmes. La Drees publie également des indicateurs permettant de mesurer l'accessibilité locale aux sages-femmes. À ma connaissance, l'Irdes mène une étude similaire sur certaines spécialités, notamment la gynécologie, mais je n'ai pas encore les résultats, car l'étude est en cours.

Quant au non-accès aux urgences, il est très difficile de le mesurer. Je ne nie pas l'existence de cas individuels de ce type, mais je doute qu'ils soient statistiquement significatifs.

Un certain nombre de personnes qui se sont rendues aux urgences ces dernières années ont pu constater une dégradation de l'accessibilité, notamment en termes de temps d'attente et de disponibilité de lits. Cependant, je ne suis pas certain que l'on ait refusé l'entrée aux urgences à quelqu'un de manière significative. À mon avis, ces cas restent très minoritaires, mais je n'ai pas de données statistiques précises sur ce point.

Les dépenses de santé ont fortement augmenté en France depuis la crise sanitaire. Cette hausse est principalement due à l'épidémie de covid-19 en 2021, qui a engendré un surcroît de dépenses. Tout cela est parfaitement documenté. Depuis, les dépenses de santé ont suivi des évolutions plus traditionnelles, mais la hausse provoquée par la covid ne s'est pas inversée. Deux phénomènes expliquent cette situation : premièrement, la revalorisation des personnels hospitaliers, notamment à travers le « Ségur de la santé », représente plusieurs milliards d'euros ; deuxièmement, le choc inflationniste a également entraîné des surcoûts pour les établissements hospitaliers. Je vous renvoie aux propos de la directrice générale de l'offre de soins sur ce sujet.

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