Intervention de Karine Lebon

Réunion du mardi 21 mai 2024 à 18h00
Commission d'enquête sur les manquements des politiques de protection de l'enfance

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaKarine Lebon :

Pour rebondir sur vos propos et sur l'idée de vivre un Bataclan chaque soir, il est indéniable qu'un crime contre l'enfance constitue un crime contre l'humanité. Un individu en construction aura beaucoup plus de difficultés à surmonter des situations traumatisantes et des mauvais traitements, surtout lorsqu'ils sont répétés.

Je souhaite approfondir avec vous la question des enfants nés de mères alcooliques. Étant élue de La Réunion, je constate que, dans mon territoire, un bébé naît avec un trouble du spectre de l'alcoolisation fœtale tous les deux jours. C'est une forme de maltraitance, même si souvent la mère qui consomme de l'alcool pendant sa grossesse n'a pas conscience des conséquences tragiques pour son enfant. Selon la professeure Bérénice Doray, généticienne au centre hospitalier et universitaire de La Réunion, 90 % de ces enfants sont placés.

La loi Taquet rappelle qu'un bilan d'entrée et un suivi annuel sont obligatoires pour chaque enfant suivi par l'ASE. Cependant, comme vous l'avez mentionné, seulement un tiers des départements respecte cette loi. Dans une interview sur France Inter, M. Adrien Taquet reconnaît lui-même que cette loi est difficile à appliquer, en raison de l'accès problématique aux soins pour l'ensemble de la population, des déplacements fréquents des enfants placés, et du manque de moyens pour les amener aux rendez-vous médicaux. L'État porte également une part de responsabilité. Comment assurer une prise en charge précoce dans de telles conditions ? Votre association, Im'pactes, s'efforce de répondre à ce défi en projetant de mettre en place des centres d'appui à l'enfance dans plusieurs régions, avec l'objectif d'en déployer partout, y compris dans les outre-mer. Je m'en réjouis, mais je m'interroge sur le calendrier. À La Réunion, 2 500 enfants sont placés et les moyens proposés par le département sont jugés insuffisants par de nombreux professionnels de terrain. Quand ces centres seront-ils opérationnels à La Réunion ? Pensez-vous qu'un système prioritaire pour l'accès aux soins généraux et spécialisés des enfants placés devrait être instauré ?

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