Notre désaccord porte sur ce que signifie un droit. Un droit ne peut pas dépendre de l'état de l'économie ou d'indicateurs conjoncturels. Si l'on ouvre cette brèche, le montant des allocations familiales ou celui du loyer dans un logement social pourraient eux aussi varier en fonction de la conjoncture. C'est absolument contraire à l'idée que nous nous faisons de l'accès à un droit.
Les droits des chômeurs doivent reposer sur une certaine idée de la solidarité et du travail, mais aussi de la manière d'accompagner les personnes lorsqu'elles sont au chômage. À défaut, cela revient à considérer que les chômeurs sont responsables de la situation économique, alors que c'est l'inverse.
Cette dernière pèse non seulement sur les chômeurs, mais aussi sur tous ceux qui ont un emploi, car on sait depuis Marx que le chômage est l'armée de réserve de travailleurs. Celle-ci permet d'exercer une pression sur les salaires et sur les conditions de travail de ceux qui sont employés.
Dans un contexte où l'on sait très bien que la loi du profit et le pouvoir du capital écrasent les salariés, il faut inverser le rapport de force pour protéger ces derniers et consolider leurs droits. Je vous sais sensibles à la question de la mobilité. Si vous voulez qu'il y en ait dans les entreprises, alors il faut que les gens n'aient pas peur du chômage et qu'ils soient sereins parce qu'ils savent qu'ils seront en sécurité entre deux emplois.
Ce que vous faites a pour effet de précariser les gens et d'accroître la peur, pour au bout du compte appauvrir les citoyennes et les citoyens.