Je remercie nos collègues du groupe LIOT. Leur proposition de loi sera en effet notre seule occasion de parler de la réforme de l'assurance chômage, en commission aujourd'hui et jeudi prochain dans l'hémicycle – mais jamais face au Gouvernement.
C'est la cinquième réforme en cinq ans. La précédente n'est pas encore évaluée, ni même complètement appliquée, que l'on passe à la réforme suivante, par-dessus les syndicats et par-dessus l'Assemblée. C'est le moment de poser des questions ; la rapporteure n'aura peut-être pas de réponse à y apporter, mais j'attends celles de nos collègues de la majorité.
Les économistes ont chiffré les économies à 3,6 milliards d'euros – c'est l'objet central de la réforme –, mais il n'y a pas d'étude d'impact, ni de simulation de l'Unédic. Qui sera touché ? Combien de personnes passeront au RSA ? Quels seront les effets sur l'égalité hommes-femmes ? Que se passera-t-il pour les seniors ? Il faut mettre des visages sur tout cela. Chez les 50-64 ans, un ouvrier du bâtiment sur deux, un ouvrier de l'agroalimentaire sur trois, un ouvrier sur quatre dans la manutention et une aide à domicile sur cinq n'est ni en emploi, ni à la retraite. Ces chiffres sont liés à l'explosion des inaptitudes au travail, contre laquelle vous ne faites rien. Le nombre a doublé en dix ans : nous en sommes à 100 000 par an. Elles touchent en premier lieu les professionnels que je viens de citer, qui ont droit à la triple peine : un travail qui les maltraite, une retraite qui s'éloigne et, désormais, plus de droits au chômage.
Voilà sur qui vous décidez de taper : sur les ouvriers et les employés de plus de 50 ans qui souffrent déjà d'un double malheur, celui de l'inutilité et celui de la pauvreté.