Alors que le Premier ministre dévoile les contours d'une nouvelle réforme de l'assurance chômage que personne ne demande, qu'aucun économiste ne corrobore – il n'a jamais été démontré que les deux millions d'emplois créés étaient le corollaire de la réforme de l'assurance chômage – et que les syndicats récusent, il faudrait croire que la trahison du dialogue social est la manifestation ultime du courage et que, a contrario, la plus grande des lâchetés serait de défendre l'assurance chômage.
Depuis sept ans, nous sommes gouvernés par des idéologues sans imagination, par des doctrinaires du réalisme politique, par des réformistes torves, par des maquignons de la République sociale, par des obsédés du tri et des fétichistes de la statistique qui sont incapables de saisir la singularité du sentiment qu'éprouvent celles et ceux qui sont privés d'emploi, entre honte et colère. Vous n'en finissez pas de surcharger en morale vos politiques sociales. Vous jugez la vie des gens sans les connaître autrement qu'en les croisant lors de déplacements Potemkine, vous ne connaissez la misère qu'à travers les statistiques et vous ne voyez les peuples que par l'intermédiaire des chauffeurs de véhicules de transport avec chauffeur qui vous conduisent. Pour ce qui nous concerne, nous ne croyons pas aux privilégiés d'en bas ; nous les trouvons ailleurs.
Depuis sept ans, vous n'avez cessé de réformer par ordonnances et par décrets. Vous avez contourné le Parlement et les partenaires sociaux, vous avez piétiné le dialogue social à coups de documents de cadrage impossibles à tenir, vous avez fait de l'assurance chômage le partenaire premium des pires pratiques salariales pour construire une société de travailleurs pauvres et de tâcherons. Nous soutiendrons évidemment la proposition de Mme Froger pour faire échec à cette vision désenchantée de la société et des Français.