Je tiens à dire ma surprise à la réception de la convocation nous invitant à débattre d'un texte budgétaire. Il faut dire que je vis mon premier mandat, et que la dérive autoritaire qui caractérise le pouvoir macroniste ne nous a pas habitués à de telles discussions. Mais soit.
Passée la surprise, c'est le caractère absurde du moment que nous vivons qui m'intrigue. Nous avons été convoqués pour discuter de l'approbation des comptes de la sécurité sociale, donc invités à nous exprimer a posteriori sur un budget dont la majorité n'a pas voulu débattre et que le Gouvernement a imposé à grands coups de 49.3, en marchant délibérément sur le Parlement. Mais soit.
Passée l'absurdité, c'est le caractère aberrant du projet de loi proposé qui s'impose. Non, il n'y a pas de dérapage des dépenses de la sécurité sociale. Elle est même excédentaire de 13 milliards d'euros. Mais au lieu de la préserver comme doit l'être la clef de voûte de notre modèle de protection sociale, vous voulez faire de ses excédents la clef de voûte de la protection des niches fiscales. Les allégements consentis aux riches ont coûté 8 milliards d'euros depuis 2018. Cette perte sèche, il était urgent de la compenser.
Vous l'avez fait en détruisant les droits des assurés sociaux. Or toute destruction se fait dans la violence, de la réforme des retraites imposée dans la force violence à l'inaction face aux accidents du travail et de la nouvelle réforme de l'assurance chômage à la violence à venir de l'offensive que vous conduirez contre les règles des arrêts maladie. Dans le même temps, l'Ondam, systématiquement sous-évalué par rapport aux besoins, ne suffit pas à faire tenir notre modèle de soins, et la Cades immobilise 18 milliards d'euros pour rembourser la sacro-sainte dette sociale. Mais soit.
Passée l'aberration, c'est votre inconséquence qui apparaît, au moment où vous demandez à la représentation nationale de valider la logique consistant à faire des comptes de la sécurité sociale la variable d'ajustement de l'incompétence de Bruno Le Maire. Jamais la sécurité sociale ne doit servir à voiler l'incompétence d'un seul homme au détriment du plus grand nombre !
Nous voterons contre le projet de loi.