C'est un sujet dont nous parlons tout le temps. Lors de l'affaire PPDA, j'ai beaucoup regretté d'être concernée par la prescription, car si cela n'avait pas été le cas, j'aurais eu un impact bien plus important. Beaucoup d'avocats ne veulent pas toucher à ce principe, arguant que la prescription est utile à de nombreuses victimes pour se réparer. Au sein de l'association, tout le monde rêverait plutôt d'une imprescriptibilité des viols. S'agissant des mineurs, cela nous paraît une évidence, mais pour les majeurs également, car on met du temps à se réveiller. Tous les travaux sur la mémoire traumatique l'indiquent, la moyenne étant de trente ans pour prendre conscience de ce qu'on a vécu. S'agissant du viol et des agressions sexuelles, la moyenne s'élève respectivement à vingt ans et à six ans. Pour ma part, j'ai mis douze ans à me réveiller. Tant pis si nous fâchons nos avocats, mais nous sommes du côté des victimes.