Pendant dix ans, j'ai parlé des agissements de Patrick Poivre d'Arvor – PPDA – à tout le monde. Personne ne m'a conseillé de porter plainte, car à l'époque, cela ne se faisait pas. Pour autant, personne n'a remis en cause ma parole.
Quant à la reconstruction, elle est propre à chaque victime. Il est en tout cas certain que le collectif donne de la force et qu'il est important pour les victimes de savoir qu'elles sont crues.
Il faut croire les victimes, tout d'abord parce qu'elles ont tout à perdre à se déclarer telles. Parmi les victimes que nous aidons, nombreuses sont celles qui n'ont pas été crues par leur famille, par leur petit ami, ou qui ont perdu leur job.
Les victimes perdent également leur dignité. Quand Charlotte Arnould a dénoncé Gérard Depardieu pour deux viols digitaux non prescrits, elle avait 22 ans, elle était danseuse, une carrière d'actrice s'ouvrait à elle. Mais tout s'est fini lorsqu'elle a fait face à Gérard Depardieu. Florence Porcel était quant à elle spécialisée dans la vulgarisation scientifique liée au domaine spatial ; elle passait à l'antenne sur France Inter et dans de nombreuses émissions ; sa chaîne Youtube marchait très bien. Tout s'est arrêté d'un seul coup, car c'est elle qui a dû porter le poids de la honte. J'espère que vous entendrez ces deux femmes.
Il semble que seulement 2 % des personnes qui se déclarent victimes mentent, d'après la seule étude sur le sujet, qui est américaine et date un peu. C'est évidemment trop, mais cela reste une infime minorité. Il faut donc partir du principe que la victime dit vrai.
Enfin, toutes les victimes ne se reconstruisent pas. L'affaire PPDA a donné lieu à des suicides, par exemple.