Nos propos sont souvent caricaturés ; on entend qu'on ne pourrait plus jouer de scènes de sexe, que les étudiants ne pourraient plus s'embrasser sur un plateau, qu'on ne pourrait plus toucher une comédienne sur la scène. Ce n'est évidemment pas ce que nous disons. Nous parlons d'agressions sexuelles caractérisées.
Les enseignants posent un autre problème, qu'ont illustré les récentes mises en examen : les relations longues avec des étudiantes, assorties de phénomènes d'emprise. Cela me met en colère. J'enseigne maintenant les études théâtrales à l'université ; à 25 ans, je vois bien comment les étudiants et les étudiantes me perçoivent et l'importance qu'a ma parole pour eux et pour elles. Pour répondre à votre question sur la sensibilisation, on perçoit le moment où on va trop loin. Nous voulons donc empêcher ces relations entre enseignants et étudiants qui sont des relations d'emprise, de violence et d'abus. Quand on est sur le plateau avec quelqu'un, on peut très bien lui demander s'il accepte qu'on le touche, qu'on le déplace. Cela peut suffire. Il ne s'agit pas de prévoir comment on jouera telle scène. Nous parlons de viols commis dans les coulisses. Les cas que nous avons rencontrés ne nécessitent pas de légiférer ; nous parlons de jeunes femmes de 18 ans à qui des hommes de 50 ans promettent des rôles.