Encore une fois, le protocole est flou. Des directeurs d'école ont organisé des confrontations entre une victime et un agresseur présumé. Au nom de quoi peut-on s'autoriser à agir ainsi ? Certains mettent en danger les victimes, transmettent leur plainte à l'agresseur : même si ce n'est pas toujours mal intentionné, c'est dramatique. Or de telles pratiques sont possibles parce qu'il manque un cadre. Nous pallions cette absence comme nous pouvons, en tâchant d'accomplir le travail de vigie, en faisant remonter les informations, qui ne circulent pas, à cause de l'opacité du système. Les grandes compagnies sont structurées, parce qu'elles sont soumises à des obligations liées aux financements qu'elles reçoivent ; elles doivent par exemple nommer un référent ou une référente. Mais ce n'est pas le cas dans les petites compagnies. Parfois, un directeur nous appelle pour nous demander conseil parce qu'il rencontre un problème avec un acteur et une technicienne ; il nous demande comment faire, vers qui se tourner, qui va payer s'il doit annuler sa tournée : cinquante dates sont prévues, il emploie vingt personnes qui seraient au chômage et craint la précarisation. Le flou oblige à choisir entre la morale et l'éthique, l'éthique et la loi, sans savoir comment trancher. Or ces choix ne devraient pas relever de la responsabilité individuelle. Ce vide permet aux violences de perdurer impunément.