Il est compliqué de dénombrer les signalements : on peut en recevoir un qui reste isolé pendant un an, puis d'autres cas liés se présentent et très rapidement, on arrive à onze. Qu'entend-on par signalement ? Il s'agit des personnes qui viennent nous voir et de directions qui nous contactent. Nous avons énormément de cas : trois cette semaine, par exemple, avec plusieurs victimes à chaque fois. C'est comme ça toutes les semaines. Il est d'autant plus difficile de répondre à votre question que nous ne faisons pas de listes. D'abord parce qu'il serait illégal de dresser une liste de personnes accusées, ensuite parce que la confidentialité est nécessaire. Nous ne pouvons pas créer un document informatique qui recense toutes nos activités : nous avons besoin de nous protéger, parce que notre travail est attaquable. Nous informons les structures concernées et nous menons une mission médiatique et juridique : chaque fois qu'une victime s'adresse à nous, nous la mettons en relation avec Maître Anne Lassalle ou avec une enquêtrice spécialisée dans les violences sexuelles dans le théâtre. Tout dépend de ce que souhaite la victime. Parfois, elle refuse de médiatiser son cas. De manière générale, nous médiatisons peu. Ce que nous voulons maintenant, c'est responsabiliser les directions ; cela implique de leur parler pour qu'elles prennent en charge la situation avant qu'une médiatisation n'intervienne. De cette manière, on ne peut pas nous opposer la présomption d'innocence, ni exprimer les reproches qui suivent toute médiatisation.