Le mouvement #MeTooThéâtre est né en 2021. Sans en faire partie, étant avocate, j'y ai d'emblée été associée.
En janvier 2018, j'avais été contactée par une metteuse en scène pour défendre de très jeunes personnes préparant un diplôme d'études universitaires scientifiques et techniques (Deust) à Besançon, au sein de l'université de Franche-Comté. Des parents avaient témoigné anonymement car leur fille, qui n'avait pas été victime de violences, était horrifiée par des pratiques dont elle avait été témoin. L'affaire est définitivement jugée. Une dizaine de personnes ont été reconnues victimes, d'un professeur de l'université, ce qui était passablement choquant. Celui-ci a été condamné en 2020 à une peine de quatre ans d'emprisonnement, dont deux ans avec sursis probatoire. Cette peine a été confirmée en appel en 2021 et assortie de deux peines complémentaires : une interdiction d'enseigner, classique, et une interdiction de mettre en scène, inédite.
Depuis lors, mon numéro de téléphone portable circule de main en main entre de très jeunes personnes qui, souvent, n'ont pas accès à un avocat ou n'ont pas les moyens de s'offrir ses services. J'ai donc été amenée à traiter un nombre croissant d'affaires similaires : à l'heure actuelle, j'ai une vingtaine de dossiers relatifs à #MeTooThéâtre. Initialement, il s'agissait uniquement de dénonciations de faits à caractère sexuel. De plus en plus, des faits de nature distincte mais non moins répréhensibles sont dénoncés, notamment dans les écoles.
J'appelle l'attention de la commission d'enquête sur cette situation. Je traite des faits de violence physique, de violence morale, de dévoiement de la passion de jeunes gens pour le théâtre afin de les contraindre à des actes tout à fait dégradants, de travail dissimulé et de dérives sectaires. Les problèmes révélés par #MeTooThéâtre ne se limitent pas à la sphère sexuelle, où ils ont été initialement identifiés. Ils relèvent de comportements non moins problématiques dans d'autres domaines.